Accusations de nazisme: Berlin hausse le ton vis-à-vis de la Turquie
La crise s’amplifie entre l’Allemagne et la Turquie, après les propos du président turc qui a personnellement accusé Angela Merkel au sujet de l’interdiction de réunions électorales pro-Erdogan en Allemagne. En réaction, la chancelière a en effet menacé hier d’interdire aux responsables turcs de participer à ces meetings si ces attaques se poursuivent. «Quand on les traite de nazis, cela ne leur plaît pas. Ils manifestent leur solidarité. En particulier Merkel. Mais tu as recours en ce moment précis à des pratiques nazies», avait lancé la veille, à l’adresse de la chancelière, le président turc Recep Tayyip Erdogan dans un discours télévisé.
« Tous les tabous tombent »
« Les comparaisons avec le nazisme doivent cesser », a martelé hier Angela Merkel. «Nous n’allons pas tolérer que la fin justifie toujours les moyens et que tous les tabous tombent sans respect pour la souffrance de ceux qui ont été poursuivis et assassinés durant le national-socialisme. » Les relations entre la Turquie et l’Allemagne traversent une crise aiguë après l’annulation par les autorités locales de plusieurs réunions pro-Erdogan dans le pays, dont le président turc s’est emparé pour dénoncer l’Europe en général et l’Allemagne en particulier, avec qui les relations sont exécrables depuis l’été dernier. Pour autant, Berlin, tout en accusant les responsables turcs d’avoir « franchi une limite » avec la mention du nazisme, fait tout pour éviter un affrontement direct.
Ne pas faire le jeu d’Erdogan
Après avoir accueilli plus d’un million de migrants en 2015 et 2016, l’Allemagne d’Angela Merkel a toujours le plus grand besoin de la Turquie pour freiner le flux de réfugiés vers l’Europe, dans le cadre du pacte UE-Turquie. Berlin stationne aussi ses avions de chasse sur la base turque d’Incirlik dans le cadre de la lutte de la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique. Enfin, aux yeux de Berlin, toute surenchère n’aboutirait qu’à faire le jeu du président Erdogan dans la perspective du référendum du 16 avril. «Cela sert surtout les intérêts du président turc», qui cherche « par des menaces et insultes » à « obtenir la majorité des voix en Turquie et en Allemagne des ressortissants turcs » en se posant en victime, a déclaré hier le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schäfer.