Var-Matin (Grand Toulon)

Ils ont compris la difficulté de se déplacer sans voir

Dans le cadre de leur projet technologi­que, quatre élèves du lycée Bonaparte ont proposé à leurs camarades un parcours d’aveugles. Le but : les sensibilis­er à ce handicap

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

Un coup à droite, un coup à gauche. Les yeux bandés par une étoffe noire, nous progresson­s doucement, balançant notre canne devant nous pour repérer les embûches sur notre chemin. Barrières de métal, marches de pierre et autres souches de platane. Toc-toctoc… Dans la cour du lycée Bonaparte, le « parcours sans les yeux » mis en place par quatre lycéennes de terminale ST2S a

(1) beau faire quarante mètres, nous avons l’impression de parcourir un stade olympique.

Où est Daredevil ?

Chaque pas est hésitant, notre main tâtonne dans le vide pour éviter de nous ramasser lamentable­ment. Mais comment fait Daredevil pour rosser les supervilai­ns sans les voir ? Au bout de quelques minutes, nous voici néanmoins arrivés auprès de Ludivine Pascoet, Eva Smeraldino, Elisa Thumerelle et Auriane Delpuech. Ces élèves souhaitaie­nt, à travers ce parcours, faire toucher du doigt les difficulté­s éprouvées par les aveugles et les malvoyants. On peut dire que les « Drôles de dames » du lycée Bonaparte ont réussi leur coup. « Ce parcours s’insère dans notre projet technologi­que, qui compte pour coefficien­t sept au bac ! », explique Eva. « L’an dernier, un camarade de classe était aveugle et se déplaçait avec une canne. Ça nous a donné envie de travailler sur ce handicap », complète Ludivine. Léa, comme une quinzaine de compères, a également testé le parcours. « Vous allez voir, avec le chien ça va tout seul ! », nous rassure-t-elle. « Wouf ! Wouf ! » Un jappement nous fait tourner la tête. Voici Igor, Diddle, Django et Ever. Des labradors et des golden retrievers, chiens-guides d’aveugles à leurs heures perdues…

Comme des GPS

C’est que les lycéennes ont mis dans la boucle l’associatio­n Chiens guides d’aveugles de Provence - Côte d’Azur - Corse. Des chiens qui sont donnés, « mais dont la formation dure un an et dont le coût est de 25 000 euros », explique Corinne Tortora, déléguée varoise de l’associatio­n. Quatre membres malvoyants, accompagné­s de leurs compères canins, sont ainsi venus pour montrer comment se déplacer avec un tel molosse. « Ils enregistre­nt les itinéraire­s, il suffit de leur dire la destinatio­n, comme un GPS ! », glisse Corinne de Angelis, malvoyante toulonnais­e. Les yeux toujours bandés, nous nous accrochons à Corinne, ellemême cornaquée par son labrador Ever. Nous franchisso­ns les quarante mètres du parcours. Comme si, dans un remake de la mythologie grecque, chien et maître ne formaient qu’un seul être… Alors mission accomplie pour les lycéennes ? « Monter un projet leur servira dans leur futur métier et, là, c’est plutôt réussi », sourit Lise Alessandra, leur professeur principal. Verdict en mai… 1. Sciences et technologi­es de la santé et du social. Les élèves se destinent à des carrières d’infirmiers ou travailleu­rs sociaux

 ?? (Photo M. J.) (Photos S. F.) ?? Marcher avec une canne. Pour William, c’est aussi dur que survivre dans une classe de STS peuplée de filles… Invité au siège de l’associatio­n des Déficients visuels du Var, Laurent Gautier a détaillé les atouts d’une aide vocale couplée à n’importe...
(Photo M. J.) (Photos S. F.) Marcher avec une canne. Pour William, c’est aussi dur que survivre dans une classe de STS peuplée de filles… Invité au siège de l’associatio­n des Déficients visuels du Var, Laurent Gautier a détaillé les atouts d’une aide vocale couplée à n’importe...

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