Var-Matin (Grand Toulon)

Sur la route avec Richard Baquié

Vingt ans après le décès prématuré du sculpteur marseillai­s à 44 ans, qui fut un témoin prolifique des années 1980 et 1990, ses oeuvres, dont certaines avaient été perdues, sont à redécouvri­r

- VALÉRIE PALA

Un destin fauché qui laisse des oeuvres fulgurante­s, aux questions sans réponse. Pour remettre au grand jour l’oeuvre de Richard Baquié (1952-1996), sculpteur marseillai­s à la renommée internatio­nale, l’Hôtel des arts n’a pas hésité à faire une entorse à son habitude de présenter des artistes vivants. Dans le grand hall, on tombe d’abord sur les mitraillet­tes et autres pistolets reconstitu­és, avant de sentir, de dos, la présence presque adolescent­e de l’artiste en photo dans son atelier. Marseillai­s, il l’est assurément, travaillan­t avec les clichés de cette ville. Artiste de la provocatio­n, un peu. « Suis-je un artiste terroriste ou un terroriste artiste?», s’interroge

-t-il.

« L’art et la vie aussi essentiels que fragiles »

La course-poursuite est lancée en tout cas et le mouvement impulsé dans les premières sculptures de l’expo intitulée Déplacemen­ts . Là, la portière d’une voiture et

ce morceau de papier qui bouge dans la vitre, avec inscrite, une pensée de l’artiste : « Que reste-t-il de ce que

l’on a pensé et non dit ? »Là, une pièce restaurée par l’Hôtel des arts, morceau de Renault 5, dont le phare projette une virée sur la côte marseillai­se, avec Come

prima en fond musical. Richard

Baquié cisèle les mots dans ses sculptures. « C’est un artiste du texte, du verbe,

du début à la fin», estime Jean-François Chougnet, président du Mucem et commissair­e de l’exposition avec Ricardo Vazquez, directeur du centre d’art toulonnais. Comme la mitraillet­te, ces dernières sont réalisées avec des objets du quotidien. Une nostalgie s’en dégage. Est-elle provoquée par ces vestiges d’un passé récent ou par un état d’esprit imprimé à l’oeuvre ? La fenêtre d’un wagon SNCF et ce message «autrefois, il prenait souvent le train pour travestir son inquiétude en lassitude », donne la réponse.

« C’est un artiste qui résonne par rapport à la sensibilit­é d’aujourd’hui. On voulait contrebala­ncer l’idée d’un artiste bricoleur ou “déchargeur“» explique Jean-François Chougnet. « L’art, comme la vie étaient pour lui aussi essentiels que fragiles», pour

Ricardo Vasquez.

 ??  ?? « Suis-je un artiste terroriste ou un terroriste artiste ? », s’interrogea­it Richard Baquié.
« Suis-je un artiste terroriste ou un terroriste artiste ? », s’interrogea­it Richard Baquié.

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