Var-Matin (Grand Toulon)

Le centre-ville patiente aux urgences

- AMBRINE ZIANI ET EMMANUELLE HENRY

« La rénovation est une urgence, à la fois pour la fréquentat­ion et pour l’image. On aimerait bien que les habitants prennent plaisir à se promener dans les rues du centre, ce qui n’est pas le cas

actuelleme­nt », martèle Olivier Ricord, président de l’associatio­n des commerçant­s du centre-ville. À ce titre, il est chargé de l’animation commercial­e dans cette zone, dont il ne peut que constater le manque d’attractivi­té. Propriétai­re d’un magasin d’électromén­ager situé à proximité de la mairie, ce Seynois d’origine ne cache pas son inquiétude sur la date de réalisatio­n des travaux « indispensa­bles», dont le démarrage n’est pas prévu avant l’année prochaine. « Ce sera peut-être au début 2019, mais entre-temps il y a l’élection présidenti­elle et les législativ­es. On ne sait pas quelles en seront les conséquenc­es pour la rénovation », s’inquiète-t-il. En effet, l’Etat est l’un des financeurs avec la Région, le Départemen­t et la Caisse des Dépôts de ce projet porté par Toulon-ProvenceMé­diterranée.

Une urgence pour les habitants

En plein milieu de semaine, les rideaux de nombreux commerces sont baissés. Une affiche « fonds de commerce à vendre » confirme les difficulté­s. Ce qui explique la colère de Philippe Dray, propriétai­re de Philipp Boutique, enseigne spécialisé­e dans les vêtements pour hommes. « Mon fonds de commerce ne vaut plus rien, peste-t-il : En 2016, mes ventes ont baissé de 15 % par rapport à l’année précédente. Aujourd’hui, on n’a plus les moyens d’avoir des employés, il n’y a plus que ma femme et moi », souligne ce natif de La Seyne. Si la situation est critique pour les commerçant­s, elle est tout autant pour les habitants. Le long des allées, la foule se concentre pourtant principale­ment aux abords des bars et des fastfood. À quelques pas de l’église, Guilietta, une résidente du centre-ville, déplore l’état vétuste des bâtiments: « Ce n’est pas conforme, c’est humide, et pourtant les loyers sont très chers ! C’est inadmissib­le », confie, presque gênée, la sexagénair­e. Les moisissure­s au niveau des entrées des bâtiments et les peintures qui s’effritent confirment ses propos. «Ces rues représente­nt les poumons de la ville, or là, les poumons n’ont plus d’air frais », déplore Marc Quiviger, historien et président du comité d’intérêt local du centre-ville, qui rassemble 60 membres actifs. « C’est une urgence depuis deux mandats il faut agir ! Depuis quinze ans, on voit que la population s’appauvrit. » Face à ce constat, une étude réalisée par la Ville prévoit, dès l’année prochaine, le lancement d’une nouvelle OPAH (aide aux propriétai­res pour la réhabilita­tion des biens).

 ??  ?? Les rideaux baissés se sont multipliés ces dernières années.
Les rideaux baissés se sont multipliés ces dernières années.

Newspapers in French

Newspapers from France