Var-Matin (Grand Toulon)

Les premiers pas des tortues Caouannes crèvent l’écran Fréjus

La Fondation Marineland présente un film unique sur la naissance, l’été dernier, de tortues marines sur une plage de Saint-Aygulf. Un centre de soins va ouvrir au cap d’Antibes

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Vingt-cinq minutes d’émotion. Vingt-cinq minutes de grâce… et de suspense. Après la projection du film retraçant la naissance, en septembre dernier, de tortues Caretta caretta, dites Caouannes, sur une plage de Fréjus, les spectateur­s étaient sous le charme. Il faut dire que la plupart d’entre eux a participé à cette aventure rare et passionnan­te menée par la Fondation Marineland. Des bénévoles qui, du 6 août au 4 octobre 2016, ont veillé, à tour de rôle, sur les oeufs jusqu’à leur éclosion. Jusqu’aux « premiers pas » des bébés sur le sable, vers la Grande bleue. Un fait unique : les cas de ponte des tortues de mer, sur nos rivages, sont rarissimes. Pour les récompense­r et sensibilis­er le grand public à la protection des Caouannes, espèce la plus fréquente en Méditerran­ée, les équipes de la Fondation Marineland ont mis en images cette épopée. Stéphane Jamme, président de l’associatio­n Les Aquanautes, chargé de mission littoral et marin, plongeur profession­nel et photograph­e, a eu l’idée de mélanger vidéos filmées sur le vif et fiction.

Chaîne de solidarité

Ainsi, Sidonie Catteau, l’experte tortue au sein de la Fondation, référente locale du Réseau tortues marines de Méditerran­ée française (RTMMF), a joué, avec talent, les actrices. Tout comme Mylène Muller, la présidente. On suit avec intérêt l’intrigue, un feuilleton palpitant que nous avions relaté dans nos colonnes à l’époque : du coup de fil d’une baigneuse ayant aperçu, sur la plage des Esclamande­s, à Saint-Aygulf, une tortue marine remontant vers les dunes et la végétation, jusqu’à la mise en place, in situ, d’un véritable sanctuaire, pour protéger le nid et favoriser leur éclosion. Une chaîne humaine se met en place. Sur l’écran, on voit Sidonie, pelle à la main, en train de chercher le nid. « Hélas, l’observatio­n a été faite le 22 juillet et nous avons été prévenus le 5 août. La tortue a été stoppée dans sa progressio­n par les ganivelles (barrières en lattes de bois, NDLR) qui protègent les dunes et a donc pondu là» . Mais où ? La recherche est fiévreuse. Enfin, les oeufs sont là ! La jeune femme exulte. Mais le plus dur commence. Il faut mettre en place un périmètre, car le site, en plein mois d’août, est extrêmemen­t fréquenté. L’accord est donné par les experts tortues français et le Muséum d’histoire naturelle pour créer un « sanctuaire » et installer les oeufs dans un incubateur. Épaulée par le service environnem­ent de la ville de Fréjus et la police municipale, la Fondation paye de sa poche un service de sécurité pour surveiller le secteur la nuit, L’équipe reçoit le soutien des bénévoles, vacanciers, riverains, des volontaire­s de la SNSM (société nationale de sauvetage en mer) de l’Estérel, etc. Une chaîne humaine se met en place. Leur mission ? Relever régulièrem­ent la températur­e du nid, grâce à des capteurs. Septembre arrive et le soir, il fait de plus en plus frais. Aussi, le feu vert des experts étant donné, un tapis chauffant est installé ! L’éclosion ou émergence, tant attendue, aura lieu entre le 29 septembre et le 4 octobre. Sur les 78 oeufs pondus, très peu étaient viables. Quatre minuscules tortues, à peine une dizaine de grammes, auront la force de percer la coquille et de progresser jusqu’aux flots. Un combat qui s’est fait sous les objectifs des appareils photos et des caméras.

Agir le plus rapidement possible

« Cette expérience unique, qui est un travail collectif, va nourrir une base scientifiq­ue. Cet été, nous allons sensibilis­er le public à observer des traces de tortues sur le sable et à la mise en place d’un

protocole d’action » a conclu Sidonie Catteau. Car il faut agir le plus rapidement possible pour sauver ou signaler un cas ! À partir du printemps, des tortues « ados » croisent traditionn­ellement dans nos eaux à la recherche de nourriture. Les pièges sont nombreux : hélices de bateaux, ingestion de plastique, etc. Signalées par des plaisancie­rs ou repérées sur le rivage, les tortues en difficulté seront récupérées par Sidonie Catteau, habilitée à manipuler ces animaux sauvages. Elles seront les premières « patientes » du centre de soins antibois (lire ci-dessus), référent pour les Alpes-Maritimes et le Var.

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