Collèges et lycées : quelle sécurité après la fusillade ?
Alors que le président de Région, Christian Estrosi, pointe des insuffisances de l’État, le syndicat majoritaire des personnels de direction appelle à un dialogue nécessaire et constructif
Quinze jours après la fusillade au lycée Tocqueville de Grasse, le 16 mars dernier, Christian Estrosi annonce qu’il rencontrera, début avril, le Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN). « L’école doit plus que jamais demeurer un sanctuaire de la République », rappelle le président de la Région, qui estime que la sécurisation des établissements est « un devoir ». Selon lui, « en refusant au syndicat majoritaire des proviseurs le déploiement de personnel de sécurité dans les établissements, l’État ne semble pas avoir pris la pleine mesure de la situation ».
Un tiers affirme ne jamais voir la police
Dans une enquête du SNPDEN, 33 % des principaux et proviseurs affirment en effet que la police n’est jamais présente devant les établissements. Contactée, la préfecture des Alpes-Maritimes n’a pas souhaité commenter la déclaration du président de la Région, invoquant la période de réserve électorale des élections présidentielles qui s’applique à ses services depuis le 24 mars. « Nous sommes heureux d’apprendre que Christian Estrosi accepte de nous rencontrer », indique pour sa part Jacques Bacquet, secrétaire académique du Syndicat des personnels de direction, et proviseur du lycée Albert-Camus à Fréjus : « Beaucoup a déjà été fait, mais il reste encore aussi un certain nombre de sujets et de thèmes à aborder et à améliorer ».
« Des agents au cas par cas »
Rappelant que le personnel de direction est « très investi sur ces sujets », Jacques Bacquet entend qu’un dialogue « nécessaire et constructif » s’instaure entre les différentes parties, et souhaite notamment des conventions tripartites entre l’État, les collectivités et les établissements scolaires. «Il est nécessaire d’affecter des agents de sécurité aux abords des établissements en fonction des situations et des besoins, c’est du cas par cas », estime Jacques Bacquet. Le syndicat s’est prononcé contre l’installation de portiques ou de tourniquets à l’entrée des établissements. « D’une manière générale, l’école a besoin de moyens humains, c’est valable pour la sécurité, mais aussi pour les infirmières scolaires, les psychologues, les assistantes sociales. » Christian Estrosi, de son côté, affirme que, d’ici 2019, 35 millions d’euros seront investis pour la sûreté des lycées. « Moins d’un an après le vote du plan de mise en sûreté des lycées, le 8 avril 2016, 13,7 millions ont d’ores et déjà été engagés. » Et de rappeler les travaux de sécurisation des enceintes, d’aménagement de sas, le déploiement de dispositifs de vidéo-protection modernes et « à la demande des proviseurs », l’installation d’alarmes différenciées. Quelque 128 médiateurs ont également été déployés aux abords de 90 lycées de la région, tandis que 600 agents régionaux des lycées ont été formés aux premiers soins et à la détection des signaux de radicalisation.