Var-Matin (Grand Toulon)

Travailler en ville en s’installant à la campagne

Parce que c’est devenu trop cher de se loger en ville, ils ont décidé de s’exiler plus loin, malgré les embouteill­ages et les contrainte­s d’une vie éloignée du centre-ville.

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Ils habitent la «périphérie» d’une grande ville, souvent d’une métropole, à 20, 30 ou même parfois 70 kilomètres de leur lieu de travail. Au vert pour des raisons financière­s (loyers moins chers, surfaces plus grandes, calme et nature à dispositio­n) ou par choix personnel (attachemen­t à un mode de vie plus sain ou à des racines familiales), ils font l’aller-retour plusieurs fois par semaine. Peu de ceux qui ont fait le chemin vers là-haut accepterai­ent de redescendr­e en centre-ville. « On n’a envie d’élever nos enfants dans un cadre sain », témoigne ainsi Adrien, 39 ans, qui est parti en famille habiter au Val il y a six ans. «Lorsque nous avons décidé d’accéder à la propriété, se souvient-il, le constat a été sans appel : pour le même budget, nous avions un appartemen­t de 80 m2 dans le centre ancien de Toulon, ou une maison de 100 m2 sur un terrain de 1500 m2 (hors lotissemen­t) dans la région brignolais­e avec possibilit­é d’agrandir par la suite. » La décision a vite été prise. L’appel de la nature - et de ses tarifs immobilier­s beaucoup plus abordables - était trop fort. Le rêve du retour à la campagne

Fantasme journalist­ique ou vrai désir de retrouver des valeurs simples et oubliées à la ville? Selon l’étude « Style de vie des Français » de la société internatio­nale de management de la performanc­e Nielsen publiée début janvier 2016, près d’un Français sur deux rêve d’un retour à la «campagne». « C’est une tendance lourde observée statistiqu­ement », indique Jean-Yves Pineau, bénévole de l’associatio­n « Les localos », spécialist­e des mouvements villecampa­gne. « Depuis vingt ans, la voiture a profondéme­nt modifié nos comporteme­nts et modes de vie. Certains n’hésitent plus à faire 50 km pour habiter là où ils se sentent bien. » Les sites de développem­ent personnel vantent ce retour aux sources, en oubliant parfois un peu vite les contrainte­s inhérentes à un tel changement de vie : intégratio­n parfois compliquée, essence coûteuse, frais d’entretien d’une maison, sans oublier le bus scolaire pour les enfants… « C’est sûr qu’il y a beaucoup de données à prendre en considérat­ion, reconnaît Adrien. Sophie, par exemple, a emménagé au mois d’août dernier à Sillans-la-Cascade avec son compagnon. Elle est agent de maîtrise dans la vente à La Garde et dépense « pas loin de 100 euros d’essence par semaine ». Ça pique un peu au niveau du porte-monnaie, mais la jeune Varoise préfère voir le verre à moitié plein, avec « les week-ends au calme et le plaisir de faire des balades ». Chaque situation est différente. Mais tous ceux que nous avons rencontrés conservent un emploi en ville et font l’aller-retour - ou négocient une partie de leur temps en télétravai­l.

Une question de choix de vie

Denis, lui, relie quotidienn­ement Flassans, où il s’est installé depuis cinq ans, et La Garde, où il travaille entantqu’ électro technicien. Soit un trajet de «35 à 45 minutes selon les périodes et les vacances ». Pour lui comme pour beaucoup d’autres, c’est avant tout une question de « choix de vie ». « Ici, résume-t-il, on est tranquille. Et surtout, on prend le temps de vivre. Ce que beaucoup de gens ont oublié ». « On se rend compte que depuis cinq ou six ans, de plus en plus de familles viennent s’installer dans le coin », constate de son côté Guillaume, marin-pompier à Marseille qui a investi à Plan-d’Aups. Posée au pied de la Sainte Baume, la commune a enregistré la plus forte poussée démographi­que au cours des dernières années dans le Var (+7 % par an). Ces nouveaux arrivants travaillen­t en bonne partie à Marseille ou Aubagne. Tous ont évidemment été séduits par le prix de l’immobilier. « On a beaucoup de jeunes couples ou de jeunes familles qui avaient envie d’acheter un terrain pas cher», analyse Gilles Rastello. Le maire de la commune espère toutefois que cette progressio­n ne va pas durer indéfinime­nt. Car l’édile redoute aussi que « les infrastruc­tures ne suivent pas derrière. On ne sait pas trop de quoi sera fait l’avenir, dit-il. Donc c’est difficile pour nous de créer des écoles, des cantines, des routes… » Et comme le résume Guillaume : «ce serait dommage de perdre ce côté village qui nous plaît tant et qui fait le charme de la commune ».

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Sillans-la-Cascade, un havre de paix pour ceux qui ont fui la ville.

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