Un genou à terre
Les Rouge et Noir ont longtemps résisté aux Clermontois, portés par leur public, avant de céder. La raison est logiquement restée au plus fort
Dominé hier par Clermont (-), le RCT a quitté la coupe d’Europe dès les quarts de finale... S’ils veulent sauver leur saison, Mathieu Bastareaud et ses coéquipiers doivent se relever pour viser le Top et le bouclier de Brennus.
Le match est plié. Dans les arrêts de jeu, Damian Penaud marque un essai qui crucifie Toulon, déjà en croix après le drop de Lopez passé à dix minutes de la fin. Alors que Parra s’apprête à transformer, les Toulonnais se sont regroupés. Réunis en cercle autour de leur capitaine Vermeulen, tous se projettent déjà sur le Top 14, désormais leur seul et unique objectif. Pour autant, ils accusent le coup.
La pluie bride les débats
Ils étaient probablement les seuls à croire en leurs chances. Ils les ont jouées à fond. Et pendant près d’une heure, ils ont réduit, au cours de ce match « à l’étouffée», Clermont à feu doux. Le travail d’usure des locaux allait pourtant faire son oeuvre, mais que bien plus tard. Dans un camp comme dans l’autre, sous la pluie, personne ne s’est découvert. Tous avaient ouvert en grand le parapluie afin d’éviter les éclairs des troisquarts. Le temps ne prêtait pas le flanc à prendre le moindre risque. Emmenés par une charnière pragmatique dans le jeu au pied, les Auvergnats se sont montrés patients. Par deux fois au cours du premier acte, Halfpenny répliquait à Parra. À la mitemps, si dans l’occupation du terrain le RCT était largement mené aux points, au tableau d’affichage, en revanche, c’était l’égalité parfaite (6-6). Avec un peu plus de réussite, le buteur gallois (deux échecs contre un pour son homologue clermontois) aurait même pu permettre à ses partenaires de tourner avec quelques points d’avance. Toulon, qui avait su endiguer les assauts répétés mais pas tranchants de l’ASM, se devait de montrer davantage d’intentions pour parvenir à inverser la tendance. Il en a été incapable. Constamment mis sous pression, les Varois ont cédé au fil du deuxième acte. Leur jeu au pied défaillant ne leur permettait pas de sortir de leur camp proprement. Trinh-Duc, vraiment pas dans son assiette, ne parvenait jamais à dresser le couvert. Sevrés de ballon, les ailiers restaient à jeun.
Un doute de courte durée
Taofifenua, auteur d’une prestation majuscule, mais aussi Vermeulen, Bastareaud, Nonu, en perforateurs ou en défenseurs acharnés, mordaient pourtant bien dans le ballon. Mais le jeu dans les deux camps restait cadenassé. Pouvait-on imaginer alors que le doute s’immisce dans la tête des Jaunards, fragiles quand ils affrontent leurs ennemis jurés ? On pouvait l’espérer. On put même le croire, quand Spedding dévissa un coup de pied de dégagement alors qu’un surnombre pouvait être joué.
La logique respectée
Hélas pour les Toulonnais, le travail de sape clermontois allait finir par payer. Sur son aile, Nakaitaci, bien servi par Abendanon après plusieurs temps de jeu, pointait, sans opposition, derrière la ligne. C’était – on ne le savait pas encore – le commencement de la fin pour Tillous-Borde, entré à la place d’un Escande pourtant méritant, et ses coéquipiers. Dans un stade Marcel-Michelin jaune et bleu chauffé à blanc, une montagne de malentendus aurait été nécessaire pour enrayer la machine clermontoise, qui n’est jamais parvenue à tourner à plein régime grâce à un adversaire opiniâtre. Dans un match qui n’a rien eu de spectaculaire, les deux équipes ont joué avec leurs armes, manquant de munitions côté varois et d’ambitions côté clermontois. En attendant, le public, regonflé à bloc, pouvait chanter enfin libéré. L’ASM est en demi-finale de la Champions Cup. Il reste désormais à Toulon à se remobiliser pour le championnat. L’aventure européenne s’achève. La conquête du Brennus est plus que jamais d’actualité.