Demain, les onze candidats au défi du débat télé
L’ensemble des candidats à la présidentielle, de Philippe Poutou à Marine Le Pen, s’exprimeront durant 3h20. Un exercice délicat
C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République : tous les candidats à la présidentielle débattront ensemble, demain soir, sur BFM TV et CNews. Et ce sera peut-être la seule : boycotté par certains candidats, le troisième débat, prévu le 20 avril sur France 2, pourrait être remis en cause. Devant 220 personnes, essentiellement leurs proches, les onze prétendants à la magistrature suprême seront interrogés pendant 3 heures 20. Chacun devrait parler environ un quart d’heure. Avec une crainte, partagée aussi bien par les candidats eux-mêmes et les organisateurs de la rencontre, que par les téléspectateurs : que cet objet télévisuel sans précédent vire au grand capharnaüm. «Il y aura un peu de frustration », prédit ainsi déjà l’entourage de Benoît Hamon, qui évoque une « confusion ambiante accentuée par le format à onze ». Jean-Luc Mélenchon a aussi exprimé son « scepticisme » sur son blog. Un proche d’Emmanuel Macron indique de son côté que le candidat d’« En marche ! » « travaille à être concis » : « il sait qu’à onze » le temps sera compté, et «c’est un tel bazar ».
« Pas un spectacle »
« On n’est pas là pour une foire d’empoigne, ce serait catastrophique », déclare Alain Weill, directeur général de SFR Média, propriétaire de BFM TV : « Il faut que tous en aient conscience, notamment ceux que l’on peut appeler les petits candidats ». Une allusion à Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas DupontAignan, Jean Lassalle et Philippe Poutou. « Si tout partait en vrille, ce ne serait bon pour personne. C’est de l’intérêt de tous se mettre au niveau d’un débat présidentiel. » Et de pronostiquer que le débat sera « sans surprise et sans comique à la fin » , car « ce n’est pas un spectacle ».
Le prochain débat aura-t-il lieu ?
Mais même si tout se déroule au mieux, l’exercice n’aura peut-être pas de suite. La polémique a en effet surtout porté ces derniers jours sur le second débat, prévu trois jours avant le premier tour, soit 24 heures avant la « période de réserve » précédant le scrutin. Cette date si proche empêcherait, selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), un candidat de se défendre si une nouvelle polémique électorale devait émerger. En l’état actuel des choses, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ont fait défection, entraînant des doutes de la part de François Fillon. Quant au FN, il a réclamé que les « conditions de la loyauté, de la neutralité soient réunies ». La date du 20 avril a néanmoins été, pour le moment, confirmée par France 2, faute de consensus sur une autre. Une « écrasante majorité » des onze postulants ont donné leur aval, selon Michel Field, le directeur de l’information de France Télévisions.