Var-Matin (Grand Toulon)

Yoann Riou: «Un OVNI dans le paysage du foot»

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Il est le plus Guingampai­s des spécialist­es de la planète foot. Journalist­e au quotidien L’Équipe, connu pour ses interventi­ons sans fin sur le plateau de L’Équipe du soir où il amuse régulièrem­ent la galerie, Yoann Riou est, comme beaucoup de grands timides, un grand bavard. Alors on l’a fait parler. De son amour pour Guingamp, de sa passion pour l’En Avant. Lui, le Guingampai­s né à trente kilomètres du Roudourou. Lui, le lycéen qui a fait ses classes à Guingamp.

Yoann, c’est quoi Guingamp pour vous ? Guingamp, c’est un chiffre :  . C’est le nombre d’habitants de ce village. Quand on dit ça, on a tout dit.

C’est un club à part… C’est un OVNI dans le paysage du football. Et pas seulement français. J’ai eu la chance de parcourir le monde pour France Football et pour L’Équipe, et ça n’existe nulle part ailleurs. Vous vous rendez compte : on a fait trois finales de coupe de France (,  et , Ndlr), on en a gagné deux et à chaque fois contre Rennes, la capitale de la Bretagne ! C’est ahurissant. On a battu des géants.

Et l’En Avant a aussi joué en coupe d’Europe… Guingamp a marqué à San Siro. C’était en , contre l’Inter Milan des Youri Djorkaeff, Paul Ince, Ciriaco Sforza, Javier Zanetti ! Guingamp repousse toujours les limites. Je me dis toujours que ça va s’arrêter, mais en  on a grimpé l’Everest en remportant la coupe de France, et on a recommencé en .

Qu’est-ce qui fait que ça dure, justement ? On a toujours été incroyable sur le mercato. On a eu Drogba, Malouda, Guivarch, Candela… Mais ce n’est pas seulement un savoir-faire, c’est aussi un état d’esprit. On n’oublie pas d’où on vient. On s’invite chaque année à la table des seigneurs, mais avec humilité. J’ai toujours dit que le jour où Guingamp prendra la grosse tête, ça sera fini. Tant qu’on sera des Bisounours dans le bon sens du terme, ça pourra durer. À Guingamp, on fait l’interview du président chez lui, en mangeant des crêpes.

Qu’est-ce qui fait que des joueurs comme ceux dont vous avez parlé passent par ce village? Je n’aime pas le mot, mais Guingamp peut être un bon tremplin pour eux. Drogba est allé à l’OM, Candela est parti à la Roma, Guivarch a pu signer à Auxerre pour jouer ensuite la coupe du monde. Et puis, les joueurs sont tranquille­s à Guingamp. Il y a aussi un cadre de vie extraordin­aire avec Binic, Saint-Quay-Portrieux…

Ce club est tellement à part qu’il a même inspiré le cinéma français… Oui, le magnifique film Coup de tête s’inspire du parcours de Guingamp. Jean-Jacques Annaud voulait d’ailleurs en faire plus, mais Noël Le Graêt n’a pas souhaité mettre trop le club en avant (sic). Mais ça n’est pas tout. En , quand Canal Plus a décidé de retransmet­tre pour la première fois de son histoire un match de seconde division, c’est Guingamp qui a été télévisé. On jouait alors contre le Matra Racing du grand Maxime Bossis, et Canal est venu au stade Yves-Jaguin, avec Charles Biétry et Michel Denisot aux commentair­es. En , Denisot m’a d’ailleurs confié que c’était l’un de ses meilleurs souvenirs de reportage. Je crois qu’il aurait aimé faire la même chose que nous avec Châteaurou­x.

Mais il n’y a qu’un Guingamp ? C’est ça ! Et la meilleure des réponses pour le comprendre est : ‘‘Venez un jour à Guingamp’’. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LAURENT SEGUIN

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