Var-Matin (Grand Toulon)

NOS LECTEURS DANS LA CAMPAGNE

À Draguignan, «l’avenir n’est pas dans une France refermée»

- MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

L’échéance se rapproche à grands pas. Dans deux petites semaines, le moment sera venu de faire son choix. De déposer son bulletin de vote dans l’urne, en âme et conscience. En attendant, votre journal continue de vous donner la parole. Espoir, inquiétude, coups de gueule, priorités, pronostics… : les avis sur la campagne sont partagés. Tour d’horizon en compagnie d’Annie et André, deux retraités sportifs.

S Si vous souhaitez avoir une photograph­ie de ce que pensent les gens de la campagne, les clubs de sport sont un excellent moyen. Certaineme­nt plus efficace que les instituts de sondage…» D’emblée, Christophe Leclerc, le gérant de la salle de sport Blooming Club à Draguignan, donne le ton. À son côté, Annie, 72 ans, professeur­e de français à la retraite vient de terminer son cours. Tandis qu’André, 75 ans, est venu chercher sa femme. Tous les trois suivent la campagne électorale, tant au travers de la télévision que de la presse écrite. Au milieu des vélos et autres rameurs, les échanges vont bon train. «Pour moi, cette campagne est intéressan­te. Même si c’est la première fois qu’elle est aussi complexe. Nous étions habitués à un clivage gauche/droite qui s’estompe au bénéfice d’une vision plus centriste. À mes yeux, c’est important pour mettre en place les réformes nécessaire­s », détaille Annie. André, lui, suit beaucoup la campagne sur les réseaux sociaux : «C’est intéressan­t parce cela permet d’échanger avec ses amis. Chacun peut s’exprimer sans être coincé dans trop de bien-pensance. »

« Pas antieuropé­en »

Quant aux « affaires », il estime qu’elles nuisent au débat. «La campagne n’est pas saine. On a fait trop de polémiques qui ont détourné les sujets de fond. À chaque élection, on essaie de trouver quelque chose sur les candidats. Pour moi, ce n’est pas de bonne guerre. Ces affaires n’avaient pas à sortir à ce moment-là. » Et Annie de lui répondre : «Lorsque l’on se présente à l’élection présidenti­elle, il y a forcément des enjeux énormes. Il est normal qu’on épluche le passé des candidats. Je pense que le propre de la démocratie, c’est la vertu!». Si aucun d’entreeux n’a encore arrêté son choix parmi les candidats, tous ont bien sûr leur petite idée. « Avant la campagne, je ne le connaissai­s pas, mais j’aime bien le charisme de François Asselineau, explique André. Ce n’est pas pour ça que je voterai pour lui, mais il a le mérite de parler vrai. » Notamment sur la question de l’Europe. « Il souhaite que ce soient les Français qui choisissen­t leurs directives. Et non pas Bruxelles. Je ne suis pas antieuropé­en. Mais je ne veux pas de l’Europe telle qu’elle fonctionne aujourd’hui.» André ne cache pas non plus sa sympathie pour Nicolas Dupont-Aignan et pour Marine Le Pen. «Par rapport à leur vision de l’Europe toujours. Et par rapport à la France tout court. On doit pouvoir décider ce que l’on veut », insiste-t-il. Un discours difficilem­ent intelligib­le pour Annie : « Mais il faut vivre avec son monde ! La France toute seule n’aura aucu n poids. Ce serait triste pour les génération­s à venir. Moi, je suis une Européenne. Je suis du Monde. Je considère que l’avenir n’est pas dans une France renfermée. Regardez le monde tel qu’il est ! Tous ces discours qui prônent le repli sur soi sont extrêmemen­t dangereux. La paix que l’on connaît aujourd’hui, elle est quand même due en partie à l’Europe!» «Si on veut que la France évolue, Emmanuel Macron me semble le mieux positionné, développe Annie. Les autres sont dans un discours trop pessimiste. Macron a une vision mondialist­e de la politique. Il défend une économie tournée vers l’avenir. Pour ce qui est de JeanLuc Mélenchon ou Benoît Hamon, je pense que leurs idéaux sont intéressan­ts, mais pour moi, ce sont un peu de doux rêveurs. »

« On ne sait rien de Macron »

Quant à André, il mise lui sur l’ancien Premier ministre. «Si l’on met de côté la main prise dans le pot de confiture, celui qui pour moi a le plus d’envergure, c’est François Fillon. On ne sait rien de Macron.» Et Annie de lui répondre: «Iladu charisme, et c’est ce qu’on demande à un homme politique.» Bien malin sera celui capable de savoir qui l’emportera. Reste qu’Annie sait de qui elle ne veut pas: «J’espère que ce ne sera pas Marine le Pen. Ce serait une catastroph­e pour moi.»

Le propre de la démocratie, c’est la vertu ”

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(Photos M. B.) Après leur séance de sport, ces retraités dracénois se sont prêtés au jeu de l’échange.

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