Var-Matin (Grand Toulon)

Au pied du mur

- A DORTMUND, FABIEN PIGALLE

Ne pas changer notre ADN ”

Il y a des soirs comme celui-là, où le temps s’arrête. S’ouvre alors une ellipse temporelle où le championna­t laisse place. La finale de Coupe de la Ligue perdue contre le PSG ? Oubliée. La demi-finale de Coupe de France face à Paris dans 15 jours ? Elle n’existe pas. Ce soir, c’est plateau télé et Ligue des Champions. Point. Les Monégasque­s affrontent les Allemands de Dortmund en quart de finale. Et ça promet un énorme feu d’artifice. Depuis qu’ils ont renversé Manchester City au tour précédent, les joueurs de la Principaut­é traînent dans leur sillage une France du foot sous le charme. Après avoir battu difficilem­ent Angers samedi aprèsmidi en championna­t, les Bakayoko, Mendy et Germain ont été raccompagn­és jusqu’à leur bus par des encouragem­ents. « On est derrière vous maintenant ! Bonne chance pour mardi », lançaient quelques supporters angevins. Il y a deux ans, Monaco était tombé à ce stade de la compétitio­n. Pas sur plus fort, non. Mais sur plus expériment­é. La Juventus s’était qualifiée difficilem­ent en demi-finale à l’issue d’une double confrontat­ion étouffante où l’arbitre et la roublardis­e italienne s’étaient entremêlée­s. Un goût amer était resté en bouche. Fabinho, Subasic, Dirar, Bernardo Silva, Raggi, Germain ou encore Moutinho étaient déjà là. La rencontre avait été cadenassée. Les espaces ? Inexistant­s. Mais ce soir, tout semble différent, et on a cette intime conviction que ce Monaco-là peut filer en demie. Et ce serait une première pour un club français depuis l’Olympique Lyonnais en 2010. Cette fois, les joueurs de l’ASM vont se frotter à un adversaire qui lui ressemble. Une équipe allemande jeune et joueuse, qui aime gagner avec panache. Elle sera certes privée de Götze et Schürrle, mais pourrait compter sur les retours de Kagawa, Weigl et Reus. Surtout, pour ce premier round, le Borussia pourra s’appuyer sur le soutien de plus de 65 000 fans (la configurat­ion Ligue des Champions ne permettant pas d’atteindre les 81 000). Comme Pep Guardiola en huitième, Thomas Tuchel le coach de Dortmund a décortiqué parfaiteme­nt cette équipe de Monaco et ne souhaite pas prôner la retenue. « Je vais demander à mes joueurs d’être courageux. Il faudra marquer le plus de buts de possible. On joue le premier match à la maison, il faudra donc attaquer, même pour défendre nous allons attaquer. Nous allons aborder ce match d’une manière très offensive » a-t-il annoncé. « Monaco et Dortmund se ressemblen­t beaucoup », avouait de son côté Raphaël Guerreiro, l’ex-Lorientais aujourd’hui au BVB. Monaco est-il prêt à prendre cette marée jaune en pleine face ? Car il y a beau avoir un match retour, ce soir, il y a du KO dans l’air. Il faudra d’ailleurs mettre plus d’applicatio­n défensive qu’à City, et faire preuve de réalisme pour frapper un grand coup. Mais par pitié ne pas jouer contre nature. Pas comme à Paris, pas comme à Angers, pas en marchant. « Nous n’allons pas changer notre ADN », a rassuré Jardim. « On apprend de nos erreurs, a rajouté Fabinho. On a beaucoup parlé entre nous après le match de City et de ce qui ne s’était pas bien passé. Vous savez, même si nous sommes jeunes, on apprend vite ! C’est la force de cette équipe.» Privé de Bakayoko suspendu, et Sidibé hospitalis­é lundi pour une crise d’appendicit­e, Jardim devrait aligner Moutinho et Almamy Touré. Reste à choisir la meilleure paire devant. Falcao Germain ? Falcao - Mbappé ? Mbappé - Germain. A priori, seul un pépin physique pousserait Jardim à laisser Falcao sur le banc. Comment El Tigre a récupéré de ses 80 minutes à Angers où il a donné la victoire après un mois d’absence ? Nous le saurons rapidement. Reste le cas Mbappé qui n’a plus joué une minute depuis la finale de la Coupe de la Ligue. «Je compte toujours sur lui pour qu’il nous apporte ses qualités », a balayé Jardim interrogé sur le sujet. La trêve internatio­nale a cassé les pattes, et à l’heure de disputer le 52e match d’une saison à rallonge, l’état de fraîcheur des troupes pose question. « C’est clair que ce n’est pas simple de jouer tous les trois jours, toutes les compétitio­ns avec la même intensité », avouait le coach portugais. Heureuseme­nt, la petite musique européenne est un superbe produit dopant.

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