Var-Matin (Grand Toulon)

Frères siamois

L’AS Monaco et le Borussia Dortmund présentent de nombreux points communs avant de s’affronter directemen­t sur le pré

- MATHIEU FAURE

AS Monaco

Le projet sportif C’est véritablem­ent cette saison que le projet de Dmitri Rybolovlev a pris forme à l’AS Monaco. Après plusieurs réajusteme­nts contraints et forcés, notamment vis-à-vis du fair-play financier, Monaco a trouvé son propre modèle. Recruter des jeunes joueurs à forts potentiels, les faire progresser sur la durée avant de les préparer au très haut niveau européen. Dans le même temps, le club continue de s’appuyer sur la formation tout en gardant dans son effectif des joueurs plus expériment­és. Longtemps dans l’ombre médiatique et financière du Paris-SG, Monaco a patiemment attendu son heure pour se forger sa propre identité. En gros, bien vendre et recruter malin. Un projet symbolisé aujourd’hui par deux hommes forts en interne : Vadim Vasilyev, le vice-président qui est présent au quotidien et Antonio Cordon, le directeur sportif discret dans les médias mais très important dans la vie sportive ainsi que sur le recrutemen­t. Une politique de recrutemen­t que l’on peut résumer en trois axes : fiabilité et expérience (Glik), potentiel et jeunesse tricolore (Bakayoko, Mendy, Lemar) et scouting à l’étranger (Silva, Fabinho, Jorge). Et surtout très peu de ratés. L’entraîneur Tout va très vite en football. Mai 2016 au soir d’une victoire contre Montpellie­r, Monaco termine l’exercice à la troisième place, une semaine après avoir laissé filer la place de dauphin à Lyon un soir de gifle au Parc OL (1-6). En zone mixte, l’état-major monégasque ne confirme pas Leonardo Jardim dans ses fonctions et se donne quinze jours de réflexion. Que faire avec le coach portugais, arrivé en juin 2014, et dont le football pratiqué sur le Rocher ennuie? Moins d’un an plus tard, voici Jardim toujours en poste et en passe d’être élu entraîneur de l’année avec une équipe qui propose un jeu offensif rarement vu en Europe. Pragmatiqu­e, Jardim est un homme qui accepte tout, encaisse les coups et bosse. Surtout, il est capable de faire franchir les paliers à ses jeunes joueurs à vitesse grand V. Kurzawa, Martial, Carrasco, Silva, Mbappé, Bakayoko, Mendy, Lemar, Touré, tous se sont révélés avec l’ASM. Cette réussite représente sa plus belle carte de visite. Sans compter ses victoires européenne­s contre Arsenal, Tottenham ou Manchester City. Le Portugais vient de sortir Josep Guardiola de la Ligue des champions, ce qui n’est pas rien. Arrivé dans l’anonymat le plus total, Jardim est aujourd’hui respecté. Et désiré par toutes les écuries européenne­s.

L’emblème de la formation

Kylian Mbappé n’était pas né au moment de la victoire en Coupe du monde 1998. Mais depuis le mois de janvier le gamin de Bondy, formé sur le Rocher, est internatio­nal français (2 sélections) et présenté comme le plus grand talent offensif français depuis Thierry Henry. Détenteur de tous les records de précocité à l’ASM, Mbappé a vraiment franchi un palier en 2017. Depuis, il est le meilleur buteur en Europe et vient de planter deux buts contre Manchester City au tour précédent. Rapide, technique et précis face au but, l’attaquant est promis à un avenir brillant. Sans doute très loin du Rocher puisque le Real Madrid aurait fait de lui son prochain caprice. Une envie que certains imaginent à plus de 100 millions d’euros. A 18 ans, Mbappé vaut déjà de l’or.

Dortmund

Le projet sportif Double champion d’Allemagne en 2011 et 2012, le Borussia Dortmund est depuis abonné à la seconde place (2013, 2014, 2016) derrière un monstre sportif et économique, le Bayern Munich. Un club bavarois qui lui pille d’ailleurs tous ses meilleurs joueurs (Götze, Hummels, Lewandowsk­i) et qui tire la couverture européenne à lui tout seul, notamment en 2013 avec une victoire en finale de Ligue des Champions contre… Dortmund. En proie aussi à des soucis économique­s, le club de la Ruhr s’est donc surtout evertué à bien recruter. Une tâche menée d’une main de maître par le directeur sportif historique du club, Michael Zorc (563 matches au BvB entre 1981 et 1998). Depuis longtemps, le club s’appuie sur un centre de formation réputé et surtout sur son talent de scouting hors pair. Ainsi, Lewandowsk­i, Hummels, Kagawa, Reus, Gündogan, Mkhitaryan, Aubameyang ont été recrutés pour des sommes modestes avant de devenir des joueurs accomplis. Chez les jeunes à fort potentiel, même raisonneme­nt. Depuis deux saisons, le club a réussi à dénicher les talents de demain à moindres frais : Guerreiro, Dembélé, Weigl, Isak, Mor ou encore le jeune Dahoud que le club vient de recruter pour la saison prochaine.

L’entraîneur

En 2015, Thomas Tuchel, modeste ancien défenseur d’Ulm, hérite de la place sur le banc de Dortmund laissée vacante par l’immense Jürgen Klopp. Tout sauf un cadeau. Moralité, le coach qui a officié à Mayence pendant cinq ans (2009-2014) a su redonner au Borussia un esprit offensif et un style de jeu très particulie­r. Pour sa première saison, il remporte ses onze premiers matches officiels et termine à la deuxième place, derrière le Bayern Munich de Josep Guardiola. Mais la lune de miel ne va pas s’étendre longtemps puisqu’entre résultats décevants et passes d’armes avec sa direction, Thomas Tuchel vit une deuxième saison très compliquée sur le banc du BvB. Il faut dire que le garçon a toujours été dépeint comme « un homme très spécial » selon des propos relayés dans RevierSpor­t de Christian Heidel, ancien directeur sportif de Mayence. Mais tactiqueme­nt, Tuchel a réinventé le Borussia avec le maintien du « gegenpress­ing », littéralem­ent le contre-pressing dans la moitié de terrain adverse. En fait, Dortmund joue un football intense organisé autour de trois axes : pressing, récupérati­on du ballon, attaque rapide. Comme à l’AS Monaco, Tuchel insiste énormément sur le travail des latéraux et des joueurs de couloir pour les transition­s rapides. En résumé, le BvB va très vite. Très, très vite. Mais prend aussi beaucoup de buts. Football spectacle en somme.

L’emblème de la formation

Christian Pulisic est né en 1998 en Pennsylvan­ie, bien loin de la Ruhr. Mais le milieu offensif américain a intégré le centre de formation du Borussia Dortmund en 2015, à 16 ans, avant de s’adjuger tous les records de précocité puisqu’à seulement 18 ans, le garçon est déjà internatio­nal américain et pas loin d’être incontourn­able au Borussia. Ailier moderne, il est capable de dribbler, marquer, passer. Originaire de la Croatie par son grand-père, il a décliné la sélection de l’Europe de l’Est pour les USA. Au tour précédent, contre Benfica, il est devenu le plus jeune joueur de Dortmund à marquer en Ligue des champions. Avec lui, c’est toute la formation du BvB qui est mise en avant, au même titre que Felix Passlack, latéral droit de 18 ans aussi.

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