Au Cannet, la retraitée, le viager et le poison
Au chômage, en proie à des difficultés financières, Olivier C., 45 ans, ex-commercial chez un grossiste en viande, a-t-il cherché à devenir - trop rapidement - le propriétaire d’un appartement acheté en viager en 2008 ? Mis en examen depuis deux ans pour « tentative d’assassinat », un crime passible de la perpétuité, le suspect azuréen nie avoir attenté aux jours de Rose, la crédit-rentière. « Mon client conteste les faits depuis le début », confirme son avocat, le pénaliste niçois Me Bernard Ginez qui, régulièrement, dépose de demandes de mise en liberté : « S’il s’est introduit dans l’appartement de Mme B., c’est uniquement pour prendre des photos du logement. » Olivier C. doit être interrogé ce matin à Grasse devant le juge d’instruction où il répétera qu’il est innocent. Il espère, après deux ans de détention, être remis en liberté. « Je m’y opposerai de toutes mes forces. Il a failli nous faire crever », s’insurge Gabriel Marino-Affaitati, l’une des victimes collatérales d’un plan qualifié de « machiavélique ».
L’atropine coaccusée
L’eau minérale avait une amertume inhabituelle ce matin du 7 avril 2015. « Un drôle de goût », remarque Josette, 85 ans, qui partage sa vie entre Belfort et son appartement du Cannet (Alpes-Maritimes). Elle fait goûter l’eau à Gabriel Marino-Affaitati, homme à tout faire de la résidence qu’elle sollicite régulièrement pour de menus travaux de bricolage. Gabriel Marino-Affaitati confirme un goût anormal : « Rose s’est ensuite trouvée mal. Elle m’a demandé de la conduire à l’hôpital ». Ce n’est pas la première fois que l’octogénaire est prise de malaises ces derniers temps. Des malaises dont l’origine reste indéterminée. Cette fois, elle restera hospitalisée quinze jours, frôlant la mort. Quant à Gabriel MarinoAffaitati, le retour à son domicile, au volant de sa voiture, s’apparente à un calvaire. « J’ai mis une heure pour parcourir 1,5 km. Je voyais trouble, j’avais des hallucinations. J’ai monté l’escalier à quatre pattes et je suis restée devant ma porte pendant des heures. Je ne savais plus où j’étais, je délirais. »
Mortel à forte dose
Le personnel soignant intrigué par ce double malaise, avertit la police cannoise. L’eau minérale part en analyse et les résultats sont sans appel : de l’atropine a été versée dans la bouteille d’eau. Cet alcaloïde extrait d’une plante (la belladone), a des vertus médicinales, mais peut aussi se révéler mortel à forte dose. Parallèlement, le témoignage d’une voisine et la téléphonie démontrent que le suspect s’est introduit chez la victime peu avant l’empoisonnement. Une perquisition menée au domicile d’Olivier C. permet en outre de retrouver de l’atropine. Il se défend. Son chien est sous traitement et cet antispasmodique est un antidote après une intoxication aux pesticides. Me Bernard Ginez souhaite de nouvelles analyses toxicologiques. Une incertitude demeure sur la date de l’empoisonnement. Il espère la requalification des faits en « administration de substances nuisibles », puisqu’aucune dose mortelle n’a été ingérée. L’enjeu pénal est de taille. La peine maximale encourue passerait de la perpétuité à dix ans d’emprisonnement.