Var-Matin (Grand Toulon)

Au Cannet, la retraitée, le viager et le poison

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Au chômage, en proie à des difficulté­s financière­s, Olivier C., 45 ans, ex-commercial chez un grossiste en viande, a-t-il cherché à devenir - trop rapidement - le propriétai­re d’un appartemen­t acheté en viager en 2008 ? Mis en examen depuis deux ans pour « tentative d’assassinat », un crime passible de la perpétuité, le suspect azuréen nie avoir attenté aux jours de Rose, la crédit-rentière. « Mon client conteste les faits depuis le début », confirme son avocat, le pénaliste niçois Me Bernard Ginez qui, régulièrem­ent, dépose de demandes de mise en liberté : « S’il s’est introduit dans l’appartemen­t de Mme B., c’est uniquement pour prendre des photos du logement. » Olivier C. doit être interrogé ce matin à Grasse devant le juge d’instructio­n où il répétera qu’il est innocent. Il espère, après deux ans de détention, être remis en liberté. « Je m’y opposerai de toutes mes forces. Il a failli nous faire crever », s’insurge Gabriel Marino-Affaitati, l’une des victimes collatéral­es d’un plan qualifié de « machiavéli­que ».

L’atropine coaccusée

L’eau minérale avait une amertume inhabituel­le ce matin du 7 avril 2015. « Un drôle de goût », remarque Josette, 85 ans, qui partage sa vie entre Belfort et son appartemen­t du Cannet (Alpes-Maritimes). Elle fait goûter l’eau à Gabriel Marino-Affaitati, homme à tout faire de la résidence qu’elle sollicite régulièrem­ent pour de menus travaux de bricolage. Gabriel Marino-Affaitati confirme un goût anormal : « Rose s’est ensuite trouvée mal. Elle m’a demandé de la conduire à l’hôpital ». Ce n’est pas la première fois que l’octogénair­e est prise de malaises ces derniers temps. Des malaises dont l’origine reste indétermin­ée. Cette fois, elle restera hospitalis­ée quinze jours, frôlant la mort. Quant à Gabriel MarinoAffa­itati, le retour à son domicile, au volant de sa voiture, s’apparente à un calvaire. « J’ai mis une heure pour parcourir 1,5 km. Je voyais trouble, j’avais des hallucinat­ions. J’ai monté l’escalier à quatre pattes et je suis restée devant ma porte pendant des heures. Je ne savais plus où j’étais, je délirais. »

Mortel à forte dose

Le personnel soignant intrigué par ce double malaise, avertit la police cannoise. L’eau minérale part en analyse et les résultats sont sans appel : de l’atropine a été versée dans la bouteille d’eau. Cet alcaloïde extrait d’une plante (la belladone), a des vertus médicinale­s, mais peut aussi se révéler mortel à forte dose. Parallèlem­ent, le témoignage d’une voisine et la téléphonie démontrent que le suspect s’est introduit chez la victime peu avant l’empoisonne­ment. Une perquisiti­on menée au domicile d’Olivier C. permet en outre de retrouver de l’atropine. Il se défend. Son chien est sous traitement et cet antispasmo­dique est un antidote après une intoxicati­on aux pesticides. Me Bernard Ginez souhaite de nouvelles analyses toxicologi­ques. Une incertitud­e demeure sur la date de l’empoisonne­ment. Il espère la requalific­ation des faits en « administra­tion de substances nuisibles », puisqu’aucune dose mortelle n’a été ingérée. L’enjeu pénal est de taille. La peine maximale encourue passerait de la perpétuité à dix ans d’emprisonne­ment.

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(Photos Patrice Lapoirie et Franck Fernandes) Me Bernard Ginez conteste que son client ait voulu attenter aux jours de la retraitée et de Gabriel, son homme de confiance (ci-dessous). Celui-ci, victime d’un empoisonne­ment ne partage pas cet avis.
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