Parkinson, ne pas laisser les troubles s’installer Soins
Si l’on associe communément la maladie de Parkinson aux tremblements, la réalité est bien plus complexe. Le point sur la prise en charge avec le Dr Giordana, du centre expert de Nice
Environ 100000 à 150000 personnes en France, plus de 21000 dans la seule région Paca. La maladie de Parkinson constitue aujourd’hui la deuxième cause de handicap moteur chez les plus de 60 ans. En cause dans cette affection neurodégénérative chronique, une perte prématurée des neurones qui fabriquent la dopamine, un neuromédiateur intervenant dans la régulation des mouvements. La journée mondiale de la maladie de Parkinson,le11 avrildernier(1),apermisde faire le point sur cette maladie et sa prise en charge avec le Dr Caroline Giordana du Centre expert Parkinson de Nice. «Lorsque les tremblements sont absents – ce signe n’est pas du tout systématique – le diagnostic peut prendre du temps. Au départ, la plainte du patient peut ainsi porter sur des symptômes non moteurs aussi divers que la fatigue, des troubles du sommeil – les patients disent avoir un sommeil très agité, beaucoup crier pendant la nuit –, de l’anxiété, une perte d’odorat, une constipation ou encore un ralentissement du transit...»
Opération et pompes en seconde ligne
Une variété de manifestations, présentes chez tous les malades et non liées au défaut de dopamine, qui peut brouiller les pistes du diagnostic, mais rend surtout compte de la complexité de cette affection et des difficultés à la combattre. «On sait aujourd’hui que la maladie commence au niveau du tube digestif, avant même le cerveau, et s’exprime partout dans le corps. Les problèmes digestifs, psychologiques... sont fonction des lésions, et varient ainsi en importance d’un patient à l’autre.» Si on ne sait pas encore guérir la maladie de Parkinson, autrement dit réparer les neurones détruits, ni même freiner son évolution, «on peut agir efficacement sur tous ces symptômes, et améliorer nettement la qualité de vie...», rassure la neurologue. Pour les patients qui sont gênés par les symptômes moteurs, tremblements, akinésie (lenteur des gestes) ou rigidité, on dispose depuis des années, de thérapeutiques très efficaces qui vont corriger le manque en dopamine. «Mais, si un traitement simple (3 comprimés par jour) suffit à équilibrer certains malades, chez d’autres, avec le temps, les effets deviennent moins constants dans la journée. Il y a des fluctuations, avec réapparition des troubles moteurs.» Sans trop attendre, deux stratégies thérapeutiques de seconde ligne peuvent alors être envisagées. «Elles semblent mieux fonctionner si on les met en place assez tôt, au début des premières complications motrices», complète le spécialiste. L’une de ces options, la stimulation cérébrale profonde (SCP), consiste en l’implantation d’électrodes dans le cerveau. «On fait passer un courant électrique qui imite les effets des traitements. Comme ce courant est stable, on peut diminuer sensiblement les doses, réduire les fluctuations et donc les troubles moteurs.» Beaucoup moins connus, des systèmes « Sans attendre que la maladie évolue » de pompe représentent la seconde option. « Le premier, par voie sous-cutanée, fournit au patient une substance de synthèse qui a un effet proche de la dopamine. L’autre système de pompe, plus invasif, apporte directement dans l’intestin un composé qui se transforme en dopamine. Le patient n’est plus obligé de prendre des comprimés.» L’amélioration de la qualité de vie des patients qui bénéficient de ces thérapeutiques de seconde ligne est telle que des essais cliniques vont bientôt démarrer au CHU de Nice notamment, pour évaluer l’intérêt de les introduire plus tôt dans la prise en charge, avant que la maladie n’ait évolué. Quid à présent des recherches? «Les travaux sur les cellules souches n’ont pas beaucoup avancé, pas plus que
les essais de thérapie génique, reconnaît le Dr Giordana. Plus intéressante est la piste vaccinale, comme pour la maladie d’Alzheimer, avec l’espoir d’éliminer les “mauvaises” protéines produites dans cette maladie. Mais c’est encore au stade de recherches.» . L’association GPAM (Groupement des parkinsoniens des Alpes-Maritimes) organise à cette occasion une réunion, en présence des Drs Giordana et Borg, le samedi avril de à h à la Maison des associations, place Garibaldi à Nice. Plus d’infos sur gpam.org au ..... ou par mail : guyet.bernard@orange.fr