Var-Matin (Grand Toulon)

«Un esprit de conquête que rien n’arrête »

-

Êtes-vous serein à l’approche de ce premier tour? Je suis serein et déterminé.

Malgré les incertitud­es qui planent sur ce scrutin, les scores donnés par les sondages sont très serrés? J’ai le sentiment que la dynamique est vraiment en notre faveur, particuliè­rement sur le terrain, à travers les nombreux événements qui sont organisés, ou les meetings. Il y a un an, personne ne pensait que nous serions là où nous sommes, et si nous en sommes là, c’est grâce à cet état d’esprit.

Doutez-vous, justement, du résultat dimanche soir ? Je doute tous les soirs, mais tous les matins, je me réveille avec un esprit de conquête inébranlab­le. Ne voyez pas en moi une quelconque arrogance, car je suis d’une profonde humilité. Mais je garde mes doutes pour moi, et croyez bien que je vais me battre avec déterminat­ion jusqu’à la dernière seconde.

Quand vous avez lancé votre campagne, vous étiez « l’homme de la division, faisant le lit du FN », aujourd’hui, vous êtes le « vote utile »… Comment vous répondez à cela? Je réponds que l’intuition qui était la nôtre au début de notre campagne s’est vérifiée : dès avril , j’ai lancé le mouvement En Marche ! en disant non à l’organisati­on politique actuelle, parce que la gauche et la droite classique ne répondaien­t pas aux défis du pays. On a besoin de refonder une offre politique, de rassembler les progressis­tes des deux rives et la société civile. Et de permettre que les gens qui croient dans l’Europe, mais de manière exigeante, qui sont pour les réformes économique­s et sociales, qui croient dans la mobilité sociale et économique par l’école, qui sont pour la liberté et la protection, travaillen­t ensemble. Car jusque-là, à chaque fois, les progressis­tes de gauche étaient bloqués par les plus conservate­urs de leur camp, et ceux de droite l’étaient de la même manière. Vous l’avez vu d’ailleurs se jouer aux primaires : ce sont les conservate­urs de chaque camp qui ont gagné ! Ils ont radicalisé leur base et laissé béant cet espace progressis­te et réformateu­r que je revendique et dans lequel, à mon avis, une majorité de Français peut se retrouver.

Depuis votre rencontre avec le président de la région Paca, Christian Estrosi, il se dit que ce dernier « négocie » dans l’objectif des législativ­es... Je ne négocie avec personne pour les législativ­es. Il n’y aura aucun accord d’appareil avec personne,

je le répète. J’ai défini les principes et c’est Jean-Paul Delevoye qui s’occupe des investitur­es avec une commission indépendan­te. Il ne négocie avec personne, il a reçu   candidatur­es de citoyens engagés, il les analyse de façon objective, en fonction du pluralisme, de l’indépendan­ce, de la probité et de la compétence. Et surtout des règles de parité. J’ai vu Christian Estrosi, car c’est d’abord un dirigeant républicai­n, il a fait obstacle au Front national dans votre région... Grâce aux voix de gauche. Vous ne pouvez pas l’ignorer, puisque Christophe Castaner – tête de liste PS aux régionales – s’est retiré en sa faveur pour faire barrage au FN... J’ai d’ailleurs rendu hommage à Christophe Castaner à ce sujet, lors du meeting de Marseille ! Christian Estrosi le sait, il a toujours là-dessus été très élégant, et l’a reconnu. Mais en l’espèce, nous avons des accords républicai­ns, des désaccords également, mais c’était une preuve de respect mutuel de nous rencontrer.

Comment allez-vous concilier les différente­s alliances pour disposer d’une majorité parlementa­ire stable? Je l’ai dit dès le début : il n’y aura pas d’alliance d’appareils. Il y aura des investitur­es derrière l’étiquette « majorité présidenti­elle », qui permettra d’avoir une majorité cohérente. Il n’y a d’ailleurs pas d’incohérenc­e chez moi : ce que je propose sur les réformes, sur l’Europe, la laïcité, c’est clair. Et je ne propose pas à des gens qui se détestent et qui ont des divergence­s profondes d’être dans le même parti. Aujourd’hui, vous avez à gauche des hommes et des femmes investis par le PS qui ont marqué leurs désaccords avec Benoît Hamon. Si demain, ce dernier devait gagner la présidenti­elle, ils ne pourront pas gouverner avec lui. Vous avez le même schéma à droite avec François Fillon. Les parlementa­ires qui viendront, sous l’étiquette « majorité présidenti­elle » gouverner avec moi, proviendro­nt d’origines diverses, mais auront tous rejoint un projet cohérent et qu’ils partageron­t en commun.

Il n’y aura pas d’alliance d’appareils ”

Que répondez-vous à Jean-Pierre Raffarin qui, mercredi, déclarait : « Emmanuel, ton tour viendra mais ce n’est pas celui-là... »() ? Qu’il laisse les Français décider. Leur tour à eux est peut-être déjà passé et ils ne l’ont peut-être pas encore compris ! 1. Au micro de Patrick Cohen sur France Inter.

Newspapers in French

Newspapers from France