Les votes Macron et Mélenchon à la loupe dans le Var
Arrivé en tête du premier tour dimanche soir, le candidat En Marche ! n’est que le 3e homme dans le département, talonné par un Jean-Luc Mélenchon qui fait une percée significative
Dans cette course à l’échalote présidentielle, Emmanuel Macron n’enclenche pas vraiment la marche avant dans un Var qui a voté massivement pour le Front national de Marine Le Pen (30,43 %) et placé François Fillon en 2e position avec 24,87 % des suffrages exprimés. Le candidat « de gauche ET de droite », comme il se définit, semble même évoluer à contre-courant de la tendance nationale : s’il rafle la troisième place au finish (17,73 %), l’ancien ministre de l’Économie arrive tout de même quatrième – voire cinquième – dans de nombreuses communes, notamment rurales, doublé par un Mélenchon qui montre les muscles. Le retour du Var rouge ? Sans aller jusque-là, il semble que la France Insoumise a surtout largement « siphonné » un Parti socialiste à bout de souffle, qui ne parvient pas à sortir de son couloir, pris de vitesse par la gauche radicale et la gauche-droite-droite-gauche-bref…
Rapports de force chamboulés
S’il est, évidemment, difficile de se référer à un quelconque classement antérieur, avec une nouvelle force politique peu identifiable par rapport aux scrutins précédents, les résultats de 2012 dans le Var semblent confirmer cette situation. François Hollande obtenait alors 19,65 % des suffrages exprimés. C’est un peu plus qu’Emmanuel Macron. Mais un peu moins que les scores additionnés d’En Marche ! avec – allez, osons le calcul – le PS (aujourd’hui à 3,44 %) : 21,16% au total pour ce tour de piste 2017. Reste la spectaculaire percée d’un Jean-Luc Mélenchon qui revient à toute berzingue sur ses concurrents : de 9,08 % avec le Front de gauche en 2012, Méluche se hisse à 15,38 % des suffrages exprimés dans le Var.
Macron roi... de Châteauvert
Seule la petite commune de Châteauvert (120 votants, 118 votes exprimés) a placé en tête le candidat En Marche ! dans le Var. Macron y recueille 27,97 % des suffrages exprimés, suivi par François Fillon (24,58 %) et, à jeu parfaitement égal, Marine Le Pen et JeanLuc Mélenchon (20,34 %). C’est serré également du côté de Collobrières (1 105 votes exprimés) où Macron, à 22,05 %, rate de peu la première marche du podium, derrière Marine Le Pen (23,89 %) mais marqué de (très) près par Fillon (21,54 %) lui-même poursuivi par Mélenchon (20,18 %). Chauds, les marrons…
Correns, Trigance, Bargème : les Insoumises
Historiquement à gauche, ces trois bastions, les rares qui avaient hissé le PS en tête au premier tour des régionales en 2015, ont donc choisi leur leader : Mélenchon. Il obtient 35,05 % des 157 votes exprimés à Trigance, loin devant Macron (24,20 %) et encore plus loin devant Le Pen (12,74 %). Même tiercé à Correns, mais cette fois avec des écarts relativement moindres. Dans le premier village bio de France et ses 556 votes exprimés, la France Insoumise enregistre 26,26 %, devant En Marche ! à 21,58 % (Le Pen 19,24 % ; Fillon 17,09 %). À Bargème, JLM «explose », comme à Trigance, les compteurs, avec 30,77 % des 117 bulletins exprimés, semant Le Pen et Fillon ex aequo à 19,66 %.
Le cas La Seyne
Deuxième ville du Var, La Seyne, seule commune PS du département avec Néoules, fait le grand écart. Si Marine Le Pen s’y impose largement avec 29,64 % des 33 299 suffrages exprimés, Mélenchon truste la deuxième place avec 21,76 %, devant Macron à 18,41 %. Soutenu par le maire socialiste, Marc Vuillemot, Benoît Hamon n’y fait pas une « Hamontada » varoise, loin de là, avec à peine 4,14 %.
Le Var toujours plus bleu
Techno, urbain, ultra-connecté, Macron représente pour beaucoup d’électeurs le candidat 2.0 des grandes villes et, cela a été répété durant la campagne, «des gens qui vont bien». Si l’on s’en tient sommairement à la topographie du département, le résultat paraît donc logique. Mais là n’est bien évidemment pas la seule explication. Fortement ancré à droite et de plus en plus à l’extrême droite, le Var n’a pas vraiment la fibre « droite ET gauche ». En Marche ! en marge ? À vérifier le 7 mai et, si qualification, les 11 et 18 juin, pour les législatives.