Var-Matin (Grand Toulon)

Deux semaines pour convaincre

La campagne du second tour, qui s’annonce intense, a débuté sur les chapeaux de roue hier

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Le jour d’après. Alors que le séisme politique du premier tour de l’élection présidenti­elle (voir les chiffres définitifs ci-contre) n’était vieux que de quelques heures, la campagne pour le second tour – et, au-delà, la définition de stratégies pour les législativ­es, enjeu majeur – a commencé tôt hier matin. Les deux finalistes, invités par le chef de l’État à participer aujourd’hui à l’hommage national au policier tué dans un attentat sur les Champs-Elysées, préparent désormais le traditionn­el débat télévisé de l’entre-deux-tours, prévu le 3 mai. Leurs entourages ont indiqué qu’ils avaient chacun l’intention d’y participer – en 2002, Jacques Chirac, avait refusé d’affronter Jean Marie Le Pen.

Le Pen dénonce « le front républicai­n tout pourri »

En attendant, Emmanuel Macron devait, selon son entourage, consacrer ses journées d’hier et d’aujourd’hui aux «négociatio­ns politiques» dans le but de former une majorité, en prévision des législativ­es des 11 et 18 juin. Critiqué pour avoir fêté le résultat du premier tour à La Rotonde, une brasserie du quartier de Montparnas­se, le candidat d’« En marche ! » pourrait tenir un meeting dans sa ville natale d’Amiens avant le 7 mai. Il a aussi participé hier à une commémorat­ion du génocide arménien. De son côté, Marine Le Pen est repartie dans son fief électoral du Pas-de-Calais, pour arpenter les allées du marché de Rouvroy. Alors que les ralliement­s à Emmanuel Macron se sont multipliés dès dimanche soir, la présidente du Front national a brocardé devant la presse «le vieux front républicai­n tout pourri, dont plus personne ne veut» et qui « essaie de se coaliser » contre elle. Pour ce second tour, «on est challenger, clairement», a jugé le vice-président du parti, Florian Philippot, qui a fait un appel du pied à Nicolas Dupont-Aignan, en lui demandant d’être « cohérent » et d’appeler à voter pour Marine Le Pen. Selon deux sondages réalisés dimanche soir, celle-ci serait largement battue par Emmanuel Macron : à 62%38% selon Ipsos Sopra Steria, à 64%36 % selon Harris Interactiv­e.

Luttes internes au PS et chez les Républicai­ns

Chez les deux grands partis traditionn­els, les luttes internes entre clans n’ont pas tardé à éclater hier. Côté Républicai­ns, on se divisait sur le fait d’appeler à voter explicitem­ent ou non pour Emmanuel Macron (lire en page 4) et, au-delà, sur l’orientatio­n globale du parti. Si Jean-Pierre Raffarin, ex-soutien d’Alain Juppé, a jugé « trop facile de trouver un bouc-émissaire» en la personne de François Fillon, le maire de Tourcoing Gérald Darmanin, ex-soutien de Nicolas Sarkozy a critiqué la « défaite personnell­e » d’une « droite recroquevi­llée» sur «ses seules bases bourgeoise­s et conservatr­ices ». Côté socialiste, Manuel Valls a voulu voir dans la défaite cinglante de Benoît Hamon, et la fuite massive de l’électorat PS vers Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, « la fin d’un cycle» entamé en 1971 avec l’unificatio­n des socialiste­s par François Mitterrand au congrès d’Epinay. « Ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, qui sont en désaccord notamment sur l’Europe, sur l’économie, sur l’entreprise, sur les questions de sécurité, peuvent-ils encore être dans la même famille politique ? Personnell­ement je ne le crois pas. Donc doit venir le temps, enfin, de la clarificat­ion », a prôné l’ancien Premier ministre, soutien de Macron dès avant le 1er tour.

 ?? (Photos AFP) ?? Retour en campagne, hier : Emmanuel Macron a assisté à une commémorat­ion du génocide arménien à Paris, Marine Le Pen est allée tracter sur un marché dans le Pas-de-Calais.
(Photos AFP) Retour en campagne, hier : Emmanuel Macron a assisté à une commémorat­ion du génocide arménien à Paris, Marine Le Pen est allée tracter sur un marché dans le Pas-de-Calais.

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