Les Républicains excluent l’abstention face au FN
Face à de fortes divergences internes, les instances dirigeantes du parti ont opté pour un texte de compromis, qui n’appelle pas explicitement à soutenir le leader d’« En marche ! »
Au sein de la droite, l’onde de choc de ce premier tour, avec une élimination d’entrée de jeu inédite dans son histoire, ne fait que commencer. Dès hier, les principaux responsables des Républicains ont laissé éclater leurs divergences, lors d’un comité politique à Paris. L’enjeu : appeler de manière explicite, ou non, à voter pour Emmanuel Macron. François Fillon n’a, dimanche soir, laissé aucun doute sur sa position personnelle : «Iln’ya pas d’autre choix que de voter contre l’extrême droite. Je voterai pour Emmanuel Macron», avait déclaré sans flancher l’ancien Premier ministre. Mais si le premier point semble faire l’unanimité parmi les autres ténors du parti, ce n’est pas le cas du second. En fin d’après-midi, la vingtaine de membres du comité politique ont donc opté, lors d’une réunion en bureau politique, pour un texte affirmant : « Face au FN, l’abstention n’est pas un choix. On appelle à voter pour battre Marine Le Pen au second tour et pour notre projet d’alternance aux législatives. » « Un compromis », ont expliqué plusieurs participants. D’un côté : Nathalie KosciuskoMorizet, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Jean-François Copé, Thierry Solère, Gérard Larcher, Luc Chatel, Valérie Pécresse. De l’autre : Laurent Wauquiez, mais aussi François Baroin, Eric Ciotti et Jean-Frédéric Poisson.
Christian Estrosi « ne se retrouve plus dans LR »
Compromis, donc, mais qui n’a pas satisfait les partisans de la première option. «La position doit être claire. Ce n’est pas le ni-ni. Il faut appeler au vote Macron, comme François Fillon lui-même l’a fait », a ainsi lancé « NKM ». Qui en profité pour plaider en faveur d’une réorientation du parti: « Dans notre échec, les affaires ont joué un rôle, bien sûr. Mais ce serait une erreur de s’en tenir là. Il faut aussi engager la rénovation de la droite et du centre, incarner notre part de modernité et d’espérance. » Christian Estrosi a lui aussi reproché à Laurent Wauquiez de « refuser d’appeler à voter Macron » et, au-delà, s’est plaint de ce qu’il «ne se retrouve plus dans Les Républicains. Il n’y a plus de diversité. » « C’est suicidaire de se rallier à Macron et ensuite, aux législatives, d’appeler à se battre contre lui », a répliqué Laurent Wauquiez. Tandis que François Baroin, qui avait indiqué dimanche soir qu’il voterait Macron « à titre personnel », a expliqué hier que «pour éviter l’implosion » des Républicains, «on ne [devait] pas imposer le vote Macron ».