Var-Matin (Grand Toulon)

Il n’y a jamais eu autant de Varois qui votent FN

Après des années de progressio­n régulière, et fort d’une implantati­on parmi les plus larges de France, le Front national atteint dans le Var un niveau haut – encore jamais atteint

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Elle est loin, l’élection de 2002, et le choc de l’accession de JeanMarie Le Pen au second tour de la présidenti­elle. Avec à l’époque déjà, 23,5% de vote frontiste dans le Var. Quinze ans plus tard, où en est-on ? Le FN se conforte en tête, tandis que son assise grandit, dans un quart sudest de la France qui lui reste favorable. Depuis dimanche, le Front national peut se targuer de représente­r 30,43 % des électeurs Varois – sans oublier les 21,28% de Varois qui se sont abstenus. De nouveau, le FN est le parti qui arrive devant, doublant Les Républicai­ns. Et il se classe premier dans l’écrasante majorité des communes (notre infographi­e).

Meilleur score régional

Au plan régional, le score varois se situe tout proche des 30,55 % réalisés dans le Vaucluse, fief de Marion Maréchal Le Pen – c’est le meilleur score régional. Le Var se place aussi dans un groupe d’une douzaine de départemen­ts français (du nord et de l’est) qui ont crédité le FN de plus de 30 % des voix. Bien au-dessus de la moyenne nationale qui le place à 21,43 %. Au final, notre départemen­t comptabili­se 186 376 électeurs frontistes – contre 100000 en 2002, du temps de Jean-Marie Le Pen. La progressio­n n’a guère cessé, élections après élections. Le constat est chiffré: il n’y a jamais eu autant de Varois qui votent FN.

Où sont les meilleurs scores FN

Les zones en périphérie des grandes villes, ces fameuses zones péri-urbaines, restent des bastions où le FN fait ses meilleurs scores. Dans l’est Var, au-delà des grandes villes littorales, le Front culmine: Vidauban (41,4 %), Trans-en-Provence (37,3 %), Taradeau (35,1 %), Les Arcs (34,3 %). Au Luc (38,8 %), le maire frontiste Pascal Verrelle y voit, de surcroît, «la reconnaiss­ance du travail de [son] équipe municipale ». Autre territoire: entre Brignoles et l’aire toulonnais­e. Du nord au sud, il y a comme un couloir grand ouvert au FN. Cabasse, Flassans, Sainte-Anastasie, de 37,7 à 38,6 %. Plus encore, Rocbaron (42,6 %), ou Forcalquei­ret (42,4 %). Dans ce petit village de 2 700 âmes, le vote Marine Le Pen s’est généralisé. Que ce soit dans le centre plus historique, ou dans les quartiers qui accueillen­t les nouveaux habitants. « Le vote FN est un vote simpliste qui joue sur les peurs, regrette le maire Pierre Gautier (sans étiquette). C’est l’expression d’une crainte de certaines personnes qui pensent être envahies par des hordes de barbares». La délinquanc­e ordinaire ne pèse pas lourd à Forcalquei­ret, l’immigratio­n encore moins. Il n’empêche. Le secrétaire du FN varois, Frédéric Boccaletti, estime au contraire que « les petites communes, abandonnée­s depuis longtemps,» souffrent de « la désertific­ation » et d’une « insécurité », qu’il illustre par les cambriolag­es. Plus encore, «les habitants qui s’installent dans l’arrièrepay­s, ne veulent pas que leur village ressemble à la grande ville ».

Le littoral résiste

Le littoral de l’ouest Var. Le golfe de Saint-Tropez. Saint-Raphaël, Hyères et Carqueiran­ne. Exceptés quelques villages de l’intérieur des terres, ce sont les seuls îlots significat­ifs où le FN cède le haut du podium. Des villes sociologiq­uement plus riches aussi. Le maire d’Hyères, Jean-Pierre Giran (LR) revendique une seule formule : « Quand on défend des valeurs humanistes et gaullistes, on contient le FN. Et pas quand on lui court derrière. » À Hyères, le FN est à 25,9 %, en dessous de la moyenne départemen­tale de 30,4 %.

À l’assaut des grandes villes

S’il y a un aspect du vote qui réjouit particuliè­rement le Front national, c’est bien de voir son ancrage se confirmer en zone urbaine. «Avant, on disait que le FN faisait de moins bons scores dans les grandes villes, développe le frontiste Frédéric Boccaletti. Là, non, on voit une poussée ». Cela n’est pas sans lui rappeler «la dynamique des grandes villes dans les années quatre-vingt-dix ». Et dans ce palmarès, c’est Toulon qui réjouit le FN. « C’est une ville symbole, ce n’était pas arrivé depuis longtemps que le FN y ait un tel score » – 27,3 %, quatre points au-dessus de François Fillon. Toulon n’est pas seule. Presque toute l’agglomérat­ion toulonnais­e a placé Marine Le Pen en tête. Y compris La Seyne, tenue par la gauche, avec 29,6 % des suffrages. Jean-Luc Mélenchon a-t-il pu prendre des voix à Marine Le Pen ? Plusieurs observateu­rs locaux pensent que le score des Insoumis a pu faire baisser celui du FN. En citant des scores dans des quartiers populaires, notamment de Toulon, d’Hyères. De La Seyne aussi. « Tous les votes de contestati­on ne sont pas allés au Front national », estime de même Jean-Pierre Giran, le maire hyérois. Il reste un second tour. Avec deux candidats.

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