Var-Matin (Grand Toulon)

Au Cap-Brun, les électeurs de droite « voteront pour Macron »

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@varmatin.com

Si ça ne tenait qu’à eux, le quartier du Cap-Brun serait sans doute déjà transformé en « République autonome de Fillonie ». Il faut dire que le candidat Les Républicai­ns a fait un carton plein dans la zone. Et en particulie­r dans le bureau 109, dans l’école élémentair­e Cap Brun, sur la place Augustin-Baratier. Les électeurs y ont accordé 50,65 % de leurs voix à François Fillon. Le plus gros score toulonnais. Sur l’ensemble de la «plus belle rade d’Europe», l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy n’a totalisé que 23,54 % des suffrages, derrière Marine Le Pen, qui a percé à 27,33 %...

Déterminat­ion

Bref, sur cette fameuse place Augustin Baratier, malgré le délicieux parfum des jasmins en fleur, l’allégresse n’était pas au rendez-vous. François Fillon éliminé dès le premier tour, ça laisse un goût un peu amer dans le fond du gosier de ses électeurs. « Les raisons de la défaite lui incombent, il l’a reconnu, et j’ai trouvé ça digne», soupire Christine Polier, 67 ans, alors que les bambins sortent de l’école maternelle et courent entre les jambes de leurs parents. Fidèle électrice de droite, elle avait déjà glissé un bulletin Fillon lors de la primaire organisée par la droite et le centre, en novembre. « Sa déterminat­ion m’a plu… Il avait la volonté de s’attaquer vraiment aux dossiers importants : l’Europe, la dette qu’il faudra bien payer un jour, la réduction du nombre de fonctionna­ires… » Dans ce cas, où chercher les raisons de ce marasme électoral? De la «personne» Fillon ou bien de son programme ? « Sa personne, et surtout les affaires dans lesquelles il était impliqué », répond sans hésiter François Cicurel, opticien de 45 ans. Si cette opinion se retrouve parmi les personnes interrogée­s, les électeurs LR rechignent à condamner leur ancien candidat. « Il trempait sans doute dans des affaires. Mais je pense aussi que comme il avait des chances de passer, on a fait monter tout ça », estim e Céline Ben-Khelil, 41 ans, dans la déco et à droite depuis toujours. Avant de lâcher, avec un brin de fatalisme : « De tous les pourris, je pense que c’était le moins pourri… Et je suis presque contente de son score, j’imaginais un second tour Le Pen - Mélenchon ! » François Fillon aurait-il dû céder sa place à un autre cador pour laisser une chance à son camp ? «Je n’ai pas été favorable au plan B avec Juppé, il était trop vieux… », juge Christine.

Éviter l’extrême droite

Alors que faire? «Je voterai Macron au second tour, sans hésiter ! Vous m’imaginez voter Le Pen avec un nom comme le mien ? », ironise Céline. À côté, Christine opine. « Je ne voterai jamais pour Marine Le Pen ! Peut-être un vote nul, ou blanc. Ou bien Macron… Je ne le connais pas, je ne peux pas non plus le condamner… » François, quant à lui, est catégoriqu­e. Le 4 mai, ce sera Emmanuel Macron. Pas vraiment par gaîté de coeur, « mais pour éviter l’extrême droite, il n’y a pas vraiment de choix… » Maintenant, c’est priorité législativ­e. « J’espère que LR auront le maximum de députés », glisse Pierre Oliva, 89 ans. Quant à l’avenir politique de François Fillon, aucune illusion en vue. « Il est grillé, un peu comme DSK… », juge Céline.

 ?? (Photo Frank Muller) ?? Pour Céline Ben-Khelil, ce sera Macron au second tour.
(Photo Frank Muller) Pour Céline Ben-Khelil, ce sera Macron au second tour.

Newspapers in French

Newspapers from France