Toulon: «Le bonheur, on le distribue»
Nous, le bonheur, on le distribue », clament joyeusement en coeur Rosa, Claire et Sophie aux doigts de fée. A trois jours de la fête de la petite clochette, les petites mains de L’Art Floral, situé boulevard Enseigne de Vaisseau Guès, s’activent depuis une semaine. Telle une petite ruche, il leur faut être créatif avec les 2 700 brins de muguet, fraîchement coupés dans les terres nantaises. Avec l’aide précieuse de leur responsable, Michael Gagnol, elles composent aussi avec les plantes enracinées à la Crau avant qu’elles ne renaissent sous forme de « jardins » floraux. Une cadence soutenue dans l’atelier, depuis ces quinze derniers jours, tout en veillant à cet or blanc si éphémère. C’est ce qui fait à la fois son charme et sa fragilité. Mais dans l’antre de ce qui a appartenu jadis à la fleuriste, maman de Christophe Dominici, joueur emblématique du club au muguet, il en faut plus pour botter en touche. Et pourtant...
« Le muguet c’est une bête à chagrin »
« Le muguet, c’est une bête à chagrin, lâche Michael Gagnol, responsable depuis sept ans de la boutique, propriété de Patrick Carrasco, grossiste et vice-président du marché aux fleurs de la Sica. « Tous les ans c’est le même cinéma, il est trop tôt, il est trop tard. C’est le mythe du muguet, s’exclame-til en souriant. Pour que la saison tombe pile-poil à la récolte de cette plante éphémère, c’est hypercompliqué. » La date prévue à l’avance sur le calendrier n’y changera rien, et ce contrairement aux pivoines, la reine de la saison. « Celles-ci, on les coupe, puis on les vend alors que le muguet, c’est avant tout une date ! » Il peut parfois donner des sueurs froides aux fleuristes. Pas trop de luminosité, pas trop de chaleur... Mais le premier regard de ce connaisseur, dans le monde floral depuis ses 16 ans, ne s’y trompe pas. « Ils sont beaux, lâche, un brin admiratif Michael. Dans l’absolu, un muguet en fleurs coupées trop fleuri est mieux. » Comme ses confrères fleuristes, l’équipe de L’Art Floral s’attend dès aujourd’hui à vendre les premières compositions comprises dans une fourchette de prix allant de 13,50 € à 80 € .« Dans le Sud, où l’on est plus superstitieux, plus coutumier, la vente du muguet est plus marquée que dans ma région du Jura, par exemple», commente Michaël Gagnol. La tendance qui plaît ? « Le style campagne un peu chic et des compositions un peu plus contemporaines avec des arômes beaucoup dans les blancs, et mélangés avec la fleur actuelle du Var, la pivoine, l’oeillet de poète, les boules de neige, les roses, les germinis. » Ici, dans cette boutique, labellisée Hortisud Fleur de France, la marque de fabrique est de privilégier la qualité de « travailler au maximum avec la fleur de saison », comme en ce moment la pivoine, la fleur du Var, et de partager sa passion avec le client. Mission réussie.