Var-Matin (Grand Toulon)

«A l’écoute des soignants et des malades»

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Le Pr Thierry Piche est président de la Commission médicale d’établissem­ent (CME) du CHU de Nice, et du collège médical du Groupement hospitalie­r de territoire du départemen­t des Alpes-Maritimes. «Le CHU de Nice est soumis à de fortes contrainte­s financière­s qui l’obligent constammen­t à augmenter sa productivi­té et l’entraînent dans la spirale de la performanc­e, où les conditions de travail des profession­nels de santé se détérioren­t au risque d’une dégradatio­n de la qualité des soins: le “burn-out” de l’hôpital! Un sévère redresseme­nt financier est en cours au CHU alors que l’hôpital Pasteur 2, exemplaire au moment de l’attentat du 14-Juillet, vient à peine de sortir de terre. Mais pour offrir à la population niçoise ce “vaisseau amiral”, le CHU s’est endetté, il a emprunté à un niveau tel qu’aujourd’hui il ne peut plus rembourser, et malgré la multiplica­tion des crédits, il n’a pas pu moderniser tous les sites de l’hôpital, ni acquérir les nouvelles technologi­es ou revoir ses organisati­ons administra­tives et médicales. La nouvelle CME du CHU de Nice et sa direction ont choisi de relever ces défis! L’enjeu est de taille s’agissant de respecter le socle de la liberté du choix des malades, et d’offrir un parcours de soins optimisé entre médecine publique et privée, où l’hôpital n’est qu’une étape pour le soin aigu et de recours dans une vision globale où la prévention est aussi importante que le soin. Le nouveau projet médical du CHU de Nice s’inscrira avant l’été dans un esprit de coopératio­n et d’alliance avec les autres hôpitaux publics et privés dans le Groupement hospitalie­r de territoire (GHT) du départemen­t des AlpesMarit­imes. Ces mutualisat­ions et ce nouveau maillage territoria­l en santé inquiètent, car ils bousculent les vieux paradigmes où l’hospitalis­ation était perçue comme la fin d’une prise en charge. Mais ces dispositif­s semblent bien les meilleurs leviers pour préserver l’excellence du système de santé français tout en respectant les deniers publics. Un projet très innovant donc et orienté sur 4 axes incluant une meilleure prise en charge des personnes âgées ou fragiles, la mise à dispositio­n de véritables plateforme­s pour le traitement des cancers et des maladies chroniques, la poursuite du virage ambulatoir­e qui va limiter la durée des hospitalis­ations en renforçant les passerelle­s avec la médecine de ville, et la création d’un écosystème de recherche et d’innovation en santé avec l’université. La CME a également engagé l’hôpital sur 5 priorités: l’améliorati­on permanente de la qualité et de la sécurité des soins, le déploiemen­t des mesures d’attractivi­té pour que les médecins choisissen­t de rester à l’hôpital, une stratégie d’innovation au coeur du soin où l’hôpital va disposer de plateaux techniques ultramoder­nes autour de modes d’hospitalis­ation raccourcis, le renforceme­nt des coopératio­ns et des partenaria­ts du CHU et la simplifica­tion du schéma directeur immobilier après la constructi­on de l’hôpital Pasteur 2. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette transforma­tion du CHU, qui répond à la fois aux contrainte­s économique­s et aux exigences des nouvelles pratiques médicales, ne pourra recueillir l’adhésion que si l’hôpital se dote de nouvelles méthodes de management qui associent les profession­nels de santé, mais aussi les patients. Qui d’autres que les malades sont mieux placés pour identifier les dysfonctio­nnements dans un hôpital! C’est ce “new deal” innovant et participat­if que la CME du CHU de Nice propose à l’occasion de son nouveau projet médical qui va rénover la démocratie sanitaire, à l’écoute des soignants et des malades pour réussir à moderniser l’hôpital des Niçois.»

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