« Je me plais bien là »
En marge de l’affiche de gala, Lucien Favre, le coach de l’OGC Nice, s’est longuement confié
Quand il parle de foot, Lucien Favre oublie tout. La pendule, le déjeuner. Même une méchante migraine. Il est dans son interview comme on est dans son match. Les questions sont toujours entendues. Et les réponses jamais toutes faites. Pour le coach suisse du Gym, le football n’est pas un sujet à prendre à la légère. Pour autant, le jeu est partout dans son discours de passion. Rencontre avec un homme de convictions qui a mené Nice tout en haut.
Est-ce un exploit de terminer sur le podium ? Oui avec un budget de millions d’euros, c’est une saison exceptionnelle. Ce n’était pas prévu d’avoir autant de points à quatre journées de la fin. On veut continuer. A Toulouse, on n’a pas lâché un centimètre. On a fait un bon match, on aurait dû l’emporter. On est toujours dans la course au titre à journées de la fin, ce n’est pas rien. Quel a été l’héritage laissé par Claude Puel ? Claude Puel a fait un excellent travail. Il a fait quatre ans en finissant e, e, e et e. La stabilité est dure à trouver. Il avait posé les bases du projet de jeu niçois… Il a fait du bon travail mais on ne peut pas comparer. On a joué la phase aller avec seulement joueurs de la saison passée, et on a changé de système. Dans quels domaines votre équipe peut-elle progresser ? Plus on avance, plus la marge de progression se réduit. Quand on se sort du pressing adverse, on doit encore jouer plus rapidement. On travaille différentes phases de jeu : les sorties de balle avec le gardien, celle de possession au milieu de terrain, celle de surnombre plus haut. Ensuite, il y a la phase de récupération à la perte de balle haute, celle de pressing puis de contre. Il y a six phases de jeu. Il y a beaucoup d’équipes qui n’ont qu’une seule façon de jouer : récupération et contre ou jeu de possession. Pour moi, ça ne suffit pas pour former une grande équipe. Une bonne équipe doit maîtriser toutes les phases que j’ai décrites. Avez-vous changé votre management en France ? J’évolue sans cesse. Je cherche constamment à m’améliorer, à me perfectionner. J’apprends toujours quelque chose sur le plan technique, mais aussi dans les domaines de la psychologie et de la communication. Si vous ne faites pas les efforts pour avancer ou que vous vous reposez sur vos acquis, c’est terminé !
Ça vous chagrine qu’il n’y ait pas plus de monde au stade ?
C’est différent de l’Allemagne et l’Angleterre, où le taux de remplissage est de -% . Mais là-bas, ils profitent de structures plus grandes et d’une culture différente. L’attente chez les supporters ne risque pas d’être trop élevée l’an prochain ? Troisième, je sais pas si ça va être souvent possible. Marseille et Lille vont beaucoup investir, on parle de budgets pas possibles. Il y a Monaco, Lyon, Paris... Bordeaux et Saint-Etienne ont déjà des budgets supérieurs au nôtre aussi. Entre une bonne saison et une mauvaise saison, ça tient à peu de choses. Si Nice veut s’installer dans le top , compte tenu des moyens et des autres, je pense qu’il faut que le club s’appuie sur son centre de formation. Ce n’est pas facile de trouver les bons joueurs de - ans qui peuvent nous rejoindre. La concurrence avec Monaco et Marseille n’est pas évidente à gérer. Et parallèlement, il faut continuer à recruter. Dans l’ensemble, c’est réussi jusqu’ici. C’est ce bon mélange qui nous permettra de lutter avec les autres. Est-on certain de revoir Lucien Favre à Nice l’an prochain ? J’ai fait quatre ans à Echallans (-), à Yverdon (-) et à Zurich (-), deux ans au Servette de Genève (-), deux ans et demi à Berlin () et quasiment cinq ans à Gladbach (-). Donc voilà. Vous avez peut-être des sollicitations ou des envies d’ailleurs aussi ? Franchement, je me plais bien là. Indiscutablement, le club fait du bon boulot. Au niveau des transferts, de la communication... Le stade est magnifique aussi. Ce qu’il me manque un peu, c’est l’engouement au stade. C’est ça le plus dur. Passer de spectateurs à - ... Mais il faut être positif, dans deux ans les constructions vont apporter un plus... Et puis pour personnes, ils font quand même un beau bruit à l’Allianz. Il y a une superbe ambiance à Nice. Y a-t-il des joueurs que vous souhaitez à tout prix conserver pour la saison prochaine ? Je pense que les dirigeants sont conscients qu’il faut garder un maximum de joueurs pour ne pas devoir tout recommencer chaque année. Certains décideront de partir car ils auront de meilleures possibilités ailleurs, mais il faut en garder un maximum. La perspective de jouer la Ligue des Champions est un argument qui peut les faire rester ? Tout à fait. Ce que fait Nice sur le long terme aussi. L’OGC Nice a manqué de joueurs de percussion cette saison ? Toute équipe a besoin de joueurs de percussion, complémentaires avec les autres. Mais on en a quelques uns. Le football sans dribbleurs, ce n’est pas possible. Le Bayern a connu ses meilleures années avec Robben et Ribéry sur les côtés. Ils ont mis - au Barça avec cette équipe. On a manqué
de tir au but à - mètres aussi. C’est indispensable parce qu’on ne peut pas toujours entrer dans la surface. Ce que pouvait apporter Cyprien par exemple. Démarrer la saison avec le tour préliminaire fin juillet sera difficile ? Il y a deux tours à jouer pour l’instant. Ce sera forcément compliqué puisque Nice n’a pas beaucoup de points et ne sera pas tête de série. Vous pouvez encore finir e... On sait jamais. Il faut jouer à fond. Nice-PSG : un match de rêve ? C’est un match contre une très grosse équipe. Il faudra faire une énorme performance. Paris sort très vite les ballons avec Verratti, Thiago Motta... ça joue et c’est dangereux. Les ailiers rentrent, les latéraux sont très haut... Ils ont quand même battu le Barça -, ce n’est pas rien.
Une bonne équipe doit maîtriser six phases de jeu”