Douze ans pour le crime en cellule à La Farlède
La cour d’assises du Var a retenu comme circonstance aggravante la vulnérabilité du codétenu de l’accusé, qui était âgé de 78 ans et placé sous tutelle. L’avocat général avait requis seize ans
La cour d’assises du Var a condamné hier soir Yassine El Mahboub, 22 ans, à douze ans de réclusion, pour des violences mortelles sur Mohamed Boutaghane, 78 ans, le 19 août 2014, dans la cellule de la maison d’arrêt de La Farlède où tous deux se trouvaient détenus.
Seul en France
Évoquant la mémoire de la victime, Me Adam Krid (barreau de Nice) est intervenu aux intérêts de son épouse et de leurs sept enfants, qui vivent tous en Algérie. Mohamed Boutaghane avait quitté son pays en 1970, pour venir travailler en France dans le bâtiment. Il y était resté à l’heure de la retraite, ne retournant auprès des siens que pour des vacances. «La souffrance de la famille est d’avoir perdu cet homme de 78 ans dans des circonstances très pénibles. »
Question spéciale
En conclusion de son réquisitoire, l’avocat général Elisabeth Liard a demandé au président de poser à la cour une question spéciale sur la vulnérabilité de la victime. En raison de son âge et du fait qu’elle était sous tutelle. Cette circonstance aggravante des coups mortels, avait pour effet de porter de quinze à vingt ans la peine maximum encourue. Elle en a requis seize. L’avocat général a mis en perspective les aveux de l’accusé, au tout début de son procès, avec les développements de l’enquête, qui avait conclu qu’il n’y avait pas d’autre auteur possible, pour ce crime commis dans le huis clos de la cellule 36. Pour Mme Liard, ces aveux de dernière minute avaient minimisé l’intensité des violences exercées par l’accusé, comme l’avait constaté l’autopsie. Quant à la responsabilité
pénale de Yassine El Mahboub, l’avocat général la jugeait entière, dans la mesure où au moment des faits, le jeune homme d’alors 19 ans n’était pas atteint de psychose.
Des troubles chez l’accusé
Ce point a nourri l’essentiel de la plaidoirie de défense de Me Alain Saffar. Car les trois experts psychiatres qui ont examiné l’accusé n’ont pas trouvé chez lui de maladie mentale au moment des faits,
mais une « personnalité dyssociale ». Depuis deux ans toutefois, il est apparu qu’une psychose s’est installée chez Yassine El Mahboub, qui a été hospitalisé à plusieurs reprises en psychiatrie, et subit un traitement lourd associant comprimés et injections. Me Saffar a demandé aux jurés d’en tenir compte au moment de décider d’une peine. La cour a retenu la circonstance aggravante d’un crime commis sur une personne vulnérable.