Ils relancent la soupe de poissons de Carqueiranne
Deux trentenaires oeuvrent à donner un second souffle à la fameuse soupe. S’ils parviennent à récolter 5000 € d’ici à fin juin, ils se jetteront dans le port déguisés en poisson et en homard !
Àl’instar d’Aix-en-Provence avec ses calissons ou Le Rove avec sa brousse, Carqueiranne possède elle aussi un produit de bouche transformé identitaire : sa soupe de poissons. Bien connue depuis près de cinquante ans dans sa boîte de conserve aux tonalités rouille dont le charme est devenu désuet. Convaincus que ce produit peut connaître un second souffle, deux jeunes entrepreneurs trentenaires, Yvan Dhermand et Gregory Duvillard, se sont lancé le défi de remettre en tête de gondole cette soupe appréciée pour sa recette inchangée depuis sa création. « On veut lui donner un coup de boost », lancent en choeur les deux amis installés dans la petite zone d’activités de La Benoîte, perchée sur les hauteurs de Carqueiranne dans un écrin de verdure.
De rouille et d’hommes
C’est là qu’ils s’efforcent d’inventer des lendemains enchantés depuis qu’ils ont repris l’entreprise. C’était le 3 août 2016. Une reprise d’activité entre liens amicaux et familiaux. La petite histoire dans la grande. Yvan et Gregory se sont rencontrés durant leurs années collège passées à La Valette. S’ils ont pris ensuite des chemins séparés, ils sont restés fidèles à leur belle amitié. Yvan, le fonceur, est devenu animateur puis marin-pompier à Marseille quand le plus réfléchi Gregory a suivi le rayon de la grande distribution. Il y a deux ans, ils décident de tout laisser tomber pour lancer ensemble le projet de création d’un bar à salades à l’Avenue 83. Concept, local, accord commercial... Tout est fin prêt mais les banques ne les suivent pas. Coup de massue. Suivi d’un coup de pouce un mois plus tard. Le beau-père de Gregory qui a racheté la Soupe de poissons Carqueiranne en 2010 cherche à vendre, mais pas à n’importe qui. Il enjoint les deux garçons à faire leurs preuves à ses côtés. Essai réussi. Et transformé par la vente cession de l’entreprise quelques mois plus tard. Aujourd’hui, le sympathique binôme a entrepris une refonte de leur image et du packaging avec l’appui de l’agence de marketing et de communication Innov and Event, créée par une Toulonnaise. La stratégie et les nouveaux visuels sont prêts (photo ci-dessus). Le rouget grondin, emblème de la marque, a été conservé. Le moment est donc venu pour eux de faire connaître leur démarche.
Rapatrier l’activité
Dans cette logique, ils ont lancé il y a deux semaines une campagne de financement participatif (crowdfunding) sur la plateforme Bulb in Town. Leur but : collecter 5 000 €. Une petite somme davantage destinée à se faire connaître qu’à remplir les caisses. Pour l’heure, le démarrage est timide avec seulement 470 € récoltés. Mais pour faire le buzz, Yvan a eu une idée loufoque dont il a le secret : s’ils parviennent à récolter les 5000 € , les deux compères s’engagent à se déguiser en poisson et en homard, à descendre le col du Serre en courant depuis leur bureau et se jeter dans le port. « On a commencé à regarder les déguisements y compris pour nos deux stagiaires. Il se peut qu’il y ait aussi deux petites crevettes avec nous ! », lance le homard-pincesans-rire. Mais derrière cette petite plaisanterie, il y a une grande idée : rapatrier la fabrication à Carqueiranne car depuis 2012, avec la fermeture du laboratoire en raison d’une mise aux normes trop lourde, la soupe est confectionnée chez Marius Bernard à Saint-Chamas (13). « C’est notre but ultime. Tout le monde nous dit qu’on ne va pas y arriver mais ça ne nous freine pas du tout », assurent les deux joyeux entrepreneurs. Qui n’ont plus que quelques semaines pour apprendre à nager en costumes...