Var-Matin (Grand Toulon)

«Priver ces animaux de la reproducti­on, c’est criminel!»

Jon Kershaw, directeur animalier de Marineland

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Prise de court, la direction de Marineland planche sur une réaction officielle pour les prochains jours. Son directeur animalier, Jon Kershaw, a été le premier surpris par la dernière version d’un texte qu’il avait contribué à penser. Remonté, il s’est chargé hier de confier sa colère et son incompréhe­nsion.

Cet ajout de dernière minute, c’est la surprise du chef ? C’est plus qu’une surprise ! On est complèteme­nt abasourdis. Quand j’ai découvert le Journal officiel, j’ai dû m’asseoir. Je ne comprends pas… Comment est-ce possible? Comment peut-on arriver à dire des bêtises pareilles, quand on a passé dix-huit mois à élaborer cet arrêté avec un groupe d’experts et d’activistes concernés ? Nous avions conçu quelque chose qui faisait un petit peu mal, certes, mais auquel on était prêt financière­ment. Mais là, c’est un virage à ° dans la nuit.

Quelles implicatio­ns concrètes recouvre ce nouveau texte ? Cet arrêté était soi-disant fait pour le bonheur des animaux… Et on nous dit d’arrêter leur reproducti­on ! Cela suppose donc soit une castration chimique, soit de les séparer. Mais comment je maintiens un groupe stable en séparant mâles et femelles ? Ce n’est pas une vie naturelle pour le dauphin, qui est un animal grégaire. Imposer cela à des animaux nés chez nous, tout en nous demandant des efforts de conservati­on des espèces, c’est juste hallucinan­t. Prendre une telle décision sans consulter les experts associés à ce dossier, ça le rend complèteme­nt incohérent.

L’avenir du parc à terme s’en trouve-t-il menacé ? Nous ne sommes pas près de fermer. Ce n’est pas notre avenir qui m’inquiète, c’est celui des animaux. On les prive d’une fonction naturelle, et c’est ça qui me chagrine le plus. Je ne comprends pas que des gens qui prêchent le bonheur des animaux puissent les priver de la reproducti­on. C’est criminel! Que l’on nous attaque nous, soit. Mais s’il vous plaît, laissez les animaux en dehors de tout ça !

Allez-vous formuler un recours ? Cette décision nous met en colère et donne l’envie de se battre. On ne va pas s’arrêter là. Cette histoire m’embête vraiment pour les animaux et je peux vous dire que notre « big boss », qui n’est pas un financier mais un véto, n’a pas aimé non plus ! Il va y avoir des recours, c’est certain.

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