Var-Matin (Grand Toulon)

«Vous avez choisi l’audace»

- TH. P.

On lui avait reproché d’avoir enjambé le second tour et un peu vite anticipé son succès, au soir du 23 avril. Emmanuel Macron a rapidement retenu la leçon. Au point de ne pas se fendre du moindre sourire ou signe de satisfacti­on, lors de son premier discours de la soirée, à son QG de campagne. On avait rarement entendu Président si peu jubilant – de Gaulle peut-être – au soir de son « couronneme­nt ». C’est un discours d’une surprenant­e sobriété qu’a alors prononcé Emmanuel Macron. Il a dit avec solennité sa volonté de « protéger les plus fragiles, mieux organiser les solidarité­s, assurer de manière implacable et résolue la sécurité ». Il a fait vibrer la fibre patriotiqu­e, mais également européenne, l’un des fondements de son projet. « Nous sommes les héritiers d’une grande histoire que nous devons transmettr­e à nos enfants. Je défendrai la France, mais aussi l’Europe, la volonté de communauté de destin des pays qui la composent. » Toujours soucieux de ne pas se marquer politiquem­ent, il a rendu à son prédécesse­ur un hommage laconique, en saluant «François Hollande qui a durant cinq ans oeuvré pour le pays ». Difficile de faire plus court. Ses références sont ailleurs…

Une arrivée très scénarisée

Changement de décor et de ton, en effet, vers 22 h 30. Un cérémonial scénarisé au cordeau, «marketing» ont déjà déploré ses adversaire­s, l’a conduit à une seconde prise de parole plus allègre et plus exaltée, précédée par L’Hymne (européen) à la joie, dans la cour carrée du Louvre. Gaullien, churchilli­en, tel Mitterrand au Panthéon en 1981 – chacun choisira –, seul devant la pyramide en verre, Emmanuel Macron a sacrifié à la dialectiqu­e habituelle du rassemblem­ent. « Vous l’avez emporté, la France l’a emporté. Tout le monde nous disait que c’était impossible, mais c’était méconnaîtr­e la France. Cette confiance m’oblige à porter durant les cinq ans qui viennent l’élan que vous représente­z. Je ferai tout pour que ceux qui ont voté pour Marine Le Pen n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes. » Il a retrouvé, pour l’occasion, les élans enfiévrés de son tout début de campagne. « L’Europe et le monde attendent que nous défendions l’esprit des Lumières, que nous protégions les opprimés, que nous portions un nouvel humanisme, l’espérance d’un monde plus juste. La tâche qui nous attend est immense et elle imposera de continuer à être audacieux. Vous avez choisi l’audace. Cette audace, nous continuero­ns à la porter, parce que c’est ce que les Français attendent. Elle imposera de construire une majorité vraie, une majorité forte, pour laquelle j’aurai encore besoin de vous. Je rassembler­ai car je veux l’unité de notre pays. Je vous servirai avec amour. » Un classique du genre, mâtiné d’un surcroît de solennité, au regard d’une majorité parlementa­ire à conquérir.

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