Var-Matin (Grand Toulon)

À St-Raphaël et à Fréjus : ambiance morose

- L.C. J.J.

Dix-sept heures, à la maternelle du Brusquet, dans le quartier de Saint-Jean, à Toulon. Benjamin Biguer, affable président du bureau de vote, note avec son feutre noir, le taux de participat­ion sur un tableau blanc. En baisse de 6 points par rapport au premier tour, à 63 %. «On ne rattrapera pas le retard », assure-t-il, expériment­é. En 45 minutes, seules une quinzaine de personnes sont entrées dans l’isoloir, preuve d’une baisse tangible. Pourtant, certains électeurs qui ne s’étaient pas déplacés il y a quinze jours sont venus, cette fois-ci. C’est le cas de Mohamed, 29 ans, chauffeur livreur. « J’ai voulu glisser un bulletin Mélenchon au premier tour, je n’ai pas pu. Il a manqué sa chance, c’est dommage. Là, j’ai voté Macron sans hésitation », glisse-t-il.

« Un gros coup de pied dans la fourmilièr­e »

« C’est un homme brillant, progressis­te, européen », poursuit Lise, électrice de droite qui voulait voir Juppé président. En revanche, il ne faut pas lui parler de Marine Le Pen. « Ce serait une régression, une catastroph­e pour la France», dit-elle, le ton ferme. Gérald, auto entreprene­ur trentenair­e, n’est pas de cet avis. C’est un frontiste assumé, même s’il n’adhère pas à toutes les composante­s du programme. « Je vote FN pour mettre un gros coup de pied dans la fourmilièr­e. » Il pense pourtant qu’« elle ne passera pas, mais son score est une preuve que la colère grimpe. » Pour d’autres, en revanche, pas envie de s’étaler sur le candidat élu. Peut-être ont-ils voté par devoir, peu enthousias­tes. Lise résume la pensée de beaucoup d’électeurs interrogés. « Je n’attends pas de miracle de cette élection.»

À Fréjus.

Hier, en fin de matinée, les bureaux de vote de Fréjus se sont bien remplis et il fallait même faire la queue comme à celui de l’école Turcan, en plein centrevill­e. Si on sentait les gens mobilisés, l’ambiance était, malgré tout, plutôt morose. Prenant rapidement leur bulletin, les électeurs ne traînaient pas. Pas d’attroupeme­nt pour discuter, pas d’échanges enflammés. Certains ont mêmes répondu venir faire leur devoir, conscienci­eusement mais sans conviction. Pour l’anecdote, un couple a même avoué voter neutre et pour ne pas voter blanc, l’épouse a glissé un bulletin pour Macron tandis que le mari a voté Le Pen. Dans un autre bureau, une famille était au complet. À la demande de sa mamie, une petite fille qui était entrée dans l’isoloir avec son père a répondu : « On a voté pour la maman, pas pour le papa. »

À Saint-Raphaël.

Même impression d’électeurs déçus et désillusio­nnés, certains avouant même « venir voter parce qu’on se sent obligé… mais bon». Participat­ion plus faible qu’au premier tour.

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(Photo Michel Johner) (Photo Philippe Arnassan) À Draguignan, les délégués et sympathisa­nts qui ont fait campagne pour Macron ont fêté la victoire hier soir. Ils vont se mettre « En marche ! » pour une nouvelle bataille, celle des législativ­es. À Fréjus, David Rachline a voté dans le bureau de Caïs.
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(Photo L.C) Mohamed n’a pas pu voter au premier tour. Pas question de manquer le second.

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