Var-Matin (Grand Toulon)

Musée Peynet : quand Bosc prenait le parti d’en rire

Cent quarante dessins de l’artiste antibois sont présentés jusqu’au 10 septembre. Une occasion de redécouvri­r ce prince de l’humour noir disparu le 3 mai 1973 dans la cité des Remparts

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Bosc n’est pas aussi connu que Sempé. Pourtant, ce dessinateu­r de presse, qui a vécu les dix dernières années de sa vie à Antibes, a réalisé comme lui des illustrati­ons pour de grands hebdomadai­res comme Paris Match (il y travailler­a pendant 17 ans) et des livres illustrés édités jusqu’aux États-Unis. Nul n’est prophète en son pays. C’est la raison pour laquelle Marc Goujon a choisi de présenter son oeuvre au musée Peynet et du dessin humoristiq­ue. On y retrouve également un peu de l’histoire antiboise, avec l’exposition autour des dessins de poteries réalisées dans un atelier antibois. L’oeuvre de Jean-Maurice Bosc, l’un des pères du dessin d’humour moderne, a inspiré notamment Claire Bretécher, Cabu, Copi, Reiser et Wolinski. Il était l’ami de Chaval, Folon, Sempé et Tetsu. Parmi plus de 5 000 oeuvres, Marc Goujon, le directeur du lieu, a choisi 140 dessins qui réhabilite­nt – à Antibes en tout cas – un artiste oublié.

D’où vient Jean-Marie Bosc ? Il naît à Nîmes en , puis il fait des études au collège technique de Nîmes pour devenir ingénieur. Bien qu’exempté du service militaire, il s’engage malgré tout pour combattre en Indochine de  à . Il en revient extrêmemen­t marqué. Jusqu’à la fin des années , il ne s’intéresse pas vraiment au dessin de presse. Ce n’est qu’à son retour de la guerre qu’il se met à dessiner avec un humour très noir et un style très particulie­r. Le dessin lui sauve la vie et devient sa raison de vivre. Ses amis Mose, Chaval et Sempé lui mettent alors le pied à l’étrier. Il dessine des personnage­s qui se ressemblen­t tous, et sont donc interchang­eables. Il faut lire ses histoires au second degré. C’est une vraie redécouver­te pour nous au musée Peynet. Il a croqué des scènes un peu cocasses de la vie. Il décrivait à sa manière tous les travers de la société humaine.

Comment qualifier son travail ? Il se situe quelque part entre Raymond Devos, qui a d’ailleurs préfacé l’un de ses livres, et Jacques Tati qui a souhaité que le film Voyage en Boscavie, racontant son histoire, passe en première partie de Mon oncle. Bosc, c’est un humour très particulie­r, qui a séduit de nombreux périodique­s dont Paris Match, évidemment, mais aussi des titres comme L’Express, Charlie Hebdo, Marie-Claire ou Nice-Matin dans les années soixante-dix.

Pourquoi avoir intitulé cette exposition Bosc à Antibes ? Parce qu’il y a vécu une dizaine d’années et qu’il y est mort. Il adorait cette ville, le VieilAntib­es, et dessinait dans son atelier de la rue Clemenceau. Il a travaillé avec un céramiste breton, Yves Pouliquen, avec qui il partageait cet espace. Nous présentons quelques céramiques qu’ils ont réalisées ensemble à l’occasion : elles sortent du Septentrio­n, son atelier devenu par la suite le restaurant La Jarre. Bosc avait une véritable attache avec la cité des Remparts.

Comment avez-vous choisi les dessins exposés ? Le choix n’a pas été facile. Il y avait   dessins chez l’un des neveux de Bosc, Alain Damman. Il a fallu trier et choisir dans des séries. Nous avons orienté notre choix sur le cirque, les chasseurs, la vie de couple. Sur ce dernier thème, il y a beaucoup de croquis, car cela lui permettait de montrer tous les travers de l’être humain. Tout est au second degré dans l’oeuvre de Bosc que nous exposons. Je n’ai trouvé qu’un seul dessin sur Antibes dans la collection de Damman, représenta­nt des ayants-droit de Bosc, mais il était très abîmé. Du coup, on ne l’a pas exposé.

Le dessin lui a sauvé la vie ”

 ?? (Photos Eric Ottino et DR) ?? Bosc n’a pas souvent représenté Antibes dans ses dessins. Mais bon nombre de ceux exposés au musée Peynet ont été réalisés dans son atelier antibois.
(Photos Eric Ottino et DR) Bosc n’a pas souvent représenté Antibes dans ses dessins. Mais bon nombre de ceux exposés au musée Peynet ont été réalisés dans son atelier antibois.
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