Var-Matin (Grand Toulon)

« Un coin enfoncé chez Les Républicai­ns »

- Stéphane Rozès, politologu­e PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Le politologu­e Stéphane Rozès, président de la société de conseil en communicat­ion Cap, nous donne sa lecture de la nomination d’Édouard Philippe à Matignon.

Comment analysez-vous le choix du nouveau Premier ministre ? Emmanuel Macron avait promis qu’il allait rompre avec le clivage gauche-droite. Alors que ses investitur­es législativ­es indiquaien­t un tropisme davantage orienté vers le centre gauche, il a choisi cette fois de nommer un Premier ministre de centre droit, déjà assez réputé et connu dans le personnel politique, puisque c’est un très proche d’Alain Juppé, qui est en même temps un représenta­nt de la nouvelle génération, incarnant donc le renouvelle­ment politique.

Sa nomination va-t-elle faire imploser Les Républicai­ns ? Gilles Boyer, l’ancien directeur de campagne d’Alain Juppé, avait indiqué que si le Premier ministre était de centre droit ou du centre de la droite, ce qui est le cas d’Édouard Philippe, devrait alors être posée la question de la position à adopter vis-à-vis d’Emmanuel Macron. La question est donc aujourd’hui clairement posée, au moment même où les députés LR déjà investis doivent mener bataille dans les circonscri­ptions. On l’a perçu aussitôt, cette nomination enfonce évidemment un coin au sein des Républicai­ns, qui vont être partagés entre trois attitudes. Il y aura ceux qui vont suivre Édouard Philippe, ceux qui vont dire qu’il faudra suivre au cas par cas le gouverneme­nt et ceux, enfin, qui vont vouloir rester dans l’opposition. Cela va structurer, de facto, trois sensibilit­és. Quant à savoir dans quelles proportion­s et comment tout cela va se terminer, je n’en sais absolument rien!

Quelles conséquenc­es à gauche ? En fait, ce sont les législativ­es qui vont trancher définitive­ment le débat au sein de la gauche et du Parti socialiste. À gauche, la recomposit­ion est renvoyée à l’après-législativ­es, alors qu’à droite, le dissensus va s’opérer dès maintenant. Néanmoins, chez ceux qui ont rallié Emmanuel Macron, il y a désormais la nécessité d’assumer l’installati­on d’un Premier ministre issu de la droite à Matignon. Cela empêche, me semble-t-il, que ce soit Édouard Philippe qui mène la bataille des législativ­es. C’est le Président qui va devoir la conduire lui-même, en première ligne.

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