Frédérique Vidal, «pur produit de l’université de Nice»
Novice en politique, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur est en revanche rompue aux campagnes électorales qui l’ont conduit des bancs de la fac à la présidence de l’université
À53 ans, l’Azuréenne Frédérique Vidal décroche donc un poste au gouvernement. Non pas un strapontin de secrétaire d’État, mais un portefeuille à part entière. L’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation, généralement rattachés à l’Éducation nationale, auront leur propre ministère. Ce qui, plus encore que sa propre nomination, ravit la présidente de l’université de NiceSophia Antipolis qui vient donc d’en hériter. Elle, l’enseignante, qui n’avait jusque-là jamais fait de politique. Tout au moins en dehors des instances universitaires dont elle a su gravir tous les échelons au cours de sa carrière professionnelle.
D’étudiante à présidente
Car Frédérique Vidal est, comme elle se plaît à le dire elle-même, « un pur produit de l’université de Nice». Née à Monaco, elle a fait l’essentiel de ses études dans la capitale azuréenne. Après un bref passage par Paris – le temps de décrocher à l’Institut Pasteur un diplôme d’études approfondies (DEA) option virologie fondamentale –, c’est sur ses terres natales qu’elle revient soutenir sa thèse. Docteur en sciences de la vie, chercheur spécialisé en génétique moléculaire, elle est recrutée comme maître de conférences par l’université de Nice-Sophia Antipolis en 1995. Nommée professeur en 2004, elle prend la direction du département des sciences de la vie dès l’année suivante. En 2009, c’est désormais la faculté des sciences dans son ensemble qu’elle dirige… Et finalement toute l’université de Nice-Sophia Antipolis en 2012. En regardant sa trajectoire professionnelle, le moins que l’on puisse dire, c’est que Frédérique Vidal ne se perd pas en fioritures. C’est d’ailleurs un trait de caractère chez cette femme, mère de deux enfants, décrite comme « redoutablement efficace ».
L’excellence comme label
Elle préfère faire que faire savoir. C’est un peu l’anti bling-bling, capable de délaisser les ors du château Valrose au profit du gymnase de la fac de sciences pour présenter ses voeux au corps professoral. La boîte semble lui importer moins que ce qu’elle contient. Ce qui, au passage, lui vaut quelques coups de griffe de son prédécesseur, qui lui reproche d’avoir abandonné le plan bâtimentaire qu’il avait arrêté pour construire les nouveaux campus de la Côte d’Azur. Frédérique Vidal, elle, vise un tout autre objectif, et l’obtient en décrochant en 2016 le label «Initiative d’excellence». A la clé: un capital de 580 millions d’euros alloué à l’université azuréenne pour développer l’enseignement, la recherche et l’innovation. Précisément ce qu’on lui demande aujourd’hui de faire à l’échelle du pays ! « Enfin un ministre que je vais comprendre. » Jean-Marc Gambaudo, le président de l’université Côte d’Azur, instance chapeautant l’enseignement supérieur et la recherche, privés et publics des A.-M., est « extrêmement content » :« Frédérique Vidal a fait un très beau travail pour faire progresser le territoire azuréen, notamment avec le projet Idex qu’elle a initié et que nous avons obtenu en . C’est une belle reconnaissance de l’excellence azuréenne et une image positive renvoyée de la Côte d’Azur. Frédérique Vidal a toutes les capacités à effectuer au national le travail fourni ici. Elle a des capacités de rassemblement et surtout une vision très large de tout ce qui se fait dans la recherche et l’enseignement supérieur. »