Var-Matin (Grand Toulon)

LES FANTÔMES ET LES VIVANTS en Talons aiguilles pour monter les marches

- par ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Pensia en Mi de Luz Casal (1). Il ne pouvait y avoir meilleur titre de chanson pour un Festival qui célèbre 70 ans d’existence. Une fête du cinéma qui convoque ses acteurs au présent, ses espoirs d’avenir, mais aussi ses fantômes du passé. Comme dans le film d’Arnaud Desplechin projeté en soirée. Hier, la cérémonie se devait d’établir cette passerelle spatio-temporelle entre fiction et réel, entre couleurs et noir et blanc, entre chers disparus et acteurs biens vivants. Où la comédie humaine se joue autant sur tapis rouge que sur grand écran. À l’heure de monter les marches, les Talons aiguilles chers au président Almodóvar s’aiguisaien­t d’une portée encore plus symbolique, où la grâce futile d’une vedette en vogue devait se marier d’élégance ritualisée. C’était aussi la voix de Charles Aznavour incitant la foule à « voir les comédiens ». Vincent Perez, Dominique Besnehard, Régis Wargnier, Alice Taglioni, Elsa Zylberstei­n, pour ouvrir le bal. Frédérique Bel en tulle verte transparen­te, Olivier Assayas déjà inspiré d’une présence au-delà l’an dernier (Personal Shopper), Jeanne Balibar pour ressuscite­r Barbara, Clotilde Courau pour laquelle, Dieu soit loué, Le Ciel attendra. Sandrine Bonnaire, Sandrine Kiberlain aux boucles d’or comme la caméra qu’elle préside, Michèle Mercier revenue aux anges, Adrien Brody, Robin Wright... Richard Berry qui filme sa compagne et d’autres qui prennent des selfies pour se donner chair et os. Défilé haut en couleur, pour donner de la hauteur glamour au film d’auteur. Plus movida que corrida, n’en déplaise à la polémique. De quoi faire sourire Pedro, entouré de son jury où Will Smith sort grand vainqueur à l’applaudimè­tre. « Quand je regarde un film qui me passionne, il devient une partie de moi. J’espère que les films en compétitio­n vont laisser une empreinte dans ma vie, et m’inspirer pour mes réalisatio­ns futures », dira l’homme aux Étreintes brisées avec Cannes, qui promet néanmoins de s’y livrer « corps et âme ». C’est aussi Alex Lutz imitant le journalist­e François Chalais, sous les yeux de sa veuve Mei-Chen. C’est encore des couples d’un soir, comme au cinéma. Benjamin Biolay et Louane pour faire de Nougaro un héros, sur l’écran noir de ses nuits blanches. Lily-Rose Depp et l’Iranien Asghar Farhadi pour déclarer ouvert un Festival sans frontières et sans guerre. Et puis bien sûr, la bellissima Monica Bellucci. Maîtresse de cérémonie aussi sobre que rayonnante en Dior haute couture, pour rendre hommage aux femmes, réalisatri­ces en sélection ou icône Cardinale sur l’affiche du 70e Festival. Pour réciter son amour inconditio­nnel du cinéma. Fantômes ou pas, que la lumière soit... 1. Bande originale de Talons aiguilles de Pedro Almodóvar.

« ON EST TOUS DES STARS. LE CINÉMA PERMET À CHACUN DE RETROUVER LA LUMIÈRE QU’IL MÉRITE »

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Aux côtés de la sublime maîtresse de cérémonie en Dior haute couture et du président du jury Pedro Almodóvar (à gauche), tous les “acteurs” de cette soirée inaugurale. (Photos Patrice Lapoirie)
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