Alexandre David au service des étoiles du tennis
Le jeune Sanaryen, joueur du tennis club La Valériane, est devenu ramasseur de balles. Après le tournoi de Monte-Carlo le mois dernier, il officiera à Roland-Garros à partir de lundi !
Alexandre David a les pieds sur terre. Sur terre battue en l’occurrence, pour ce joueur du Tennis club La Valériane à Sanary. Mais le ramasseur de balles qu’il est devenu a également la tête dans les étoiles. Faute de réaliser son rêve d’entrer sur le court des grands raquette en main, le Sanaryen de 15 ans (classé 15) rencontre les ‘‘extra-terrestres’’ de la petite balle jaune sur les bords des terrains. Et il est monté au firmament avec Rafael Nadal, son idole, roi de la terre battue et prince du tournoi de Monte-Carlo pour la dixième fois le 23 avril dernier... où Alexandre David officiait en finale. Quelques jours après le décès de son papa : « J’ai passé la pire et la meilleure semaine de ma vie... », commente-t-il dignement. Le collégien (3e) à l’externat Saint-Joseph d’Ollioules ne va pas en rester là : il ‘‘participera’’ à Roland-Garros dès lundi prochain pour le coup d’envoi des qualifications. Parcours... point par point du Sanaryen pour en arriver là.
Premières balles
Alexandre a suivi les traces de sa maman, Natalia : « Je l’accompagnais à La Valériane puis elle m’a inscrit à l’école de tennis quand j’avais 5 ans. On jouait parfois ensemble » ,témoigne-t-il. « Jusqu’à ses 10 ans, je le battais mais, depuis, c’est fini : je n’ose même plus lui demander de jouer avec lui ! », sourit Natalia, aujourd’hui classée 30/3 après avoir été 30/1.
Têtes de série
Rafael Nadal est devenu aussi rapidement que logiquement la ‘‘tête de série n° 1’’ d’Alexandre David : « Papa l’aimait beaucoup et c’est le spécialiste de la terre battue », la surface des quatre courts du TC La Valériane. Et le tennisman en herbe allait jusqu’à ‘‘copier’’ son modèle : « J’essayais de prendre les mêmes attitudes que lui, de pousser les mêmes cris... ». Le Sanaryen apprécie également «le personnage » qu’est l’Espagnol... et « admire quand même Roger Federer » : « C’est un géant ».
Dédicace
Si Rafael Nadal occupe une place particulière dans le monde tennistique d’Alexandre David, l’inverse est également vrai : le Sanaryen figure en photo avec l’Espagnol dans le livre ‘‘Le monde de Rafael Nadal, les secrets de sa réussite’’ ! « J’avais 6 ans et
(1) c’était à l’occasion d’une séance de dédicace », précise le Sanaryen. Échange de bons procédés, ‘‘Rafa’’ lui a dédicacé cette page (22) lorsqu’Alexandre avait 11 ans.
Joueur
Le sociétaire du TC La Valériane s’est pris au jeu de la petite balle jaune et a fait de la compétition, avec des résultats probants : « A 12-13 ans, je faisais partie des meilleurs du département et de la région ». Mais pas au point de réaliser son rêve de devenir joueur professionnel : « Comme tous les enfants, je voulais être le n° 1, mais ce ne sera pas possible », a-t-il accepté.
Premiers pas de ramasseur
Plutôt que se ‘‘ramasser’’ à essayer d’entrer sur le circuit professionnel raquette en main, l’adolescent s’est ‘‘réorienté’’ pour devenir ramasseur de balles. Il a officié pour la première fois au tournoi de Sophia-Antipolis, du 3 au 9 avril dernier : « J’ai ‘‘ramassé’’ Benoît Paire, qui était tête de série n° 1 ». Après ce “rodage”, le collégien a enchaîné avec le tournoi de Monte-Carlo. «Déçu» de ne pas avoir été sélectionné l’an passé pour l’épreuve de la principauté, il a cette fois été comblé. Parce qu’il a goûté au ‘‘gratin’’ avec les Djokovic, Wavrinka, Cilic, Goffin, Berdych, Pouille, etc., mais aussi et surtout parce qu’il a été désigné pour le quart de finale entre l’Argentin Diego Schwartzman et... Rafael Nadal : «C’était énorme, exceptionnel ! La première fois que je lui ai donné ses serviettes (parce qu’il en veut deux, pas une), j’ai eu les larmes aux yeux... ». Un Espagnol qu’il a revu de près gagner en finale... et qu’il compte bien retrouver dans son jardin à Roland-Garros.
Roland-Garros
Alexandre David a également été sélectionné pour le tournoi français du Grand Chelem : « J’ai passé les tests en novembre : c’étaient les même que pour Monte-Carlo (vitesse de déplacement sur le court, roulé de balle, attention...) en plus dur, avec des questions de culture générale. Et je fais partie des 8 retenus sur les 250 de la région qui s’étaient inscrits à Toulon : je savais que j‘avais bien réussi, mais de là à être sélectionné ! ». Le Sanaryen a suivi un stage à La GrandeMotte (Hérault) pendant la première semaine des vacances de février : « On s’est entraîné sur le roulé de balle pendant les deux premiers jours, sur la mise en place de la serviette le troisième jour et sur le changement de balles le quatrième. Et on a été mis en situation de match avec les moniteurs les cinquième et sixième jours». Et Alexandre a cette fois fait partie des 25 retenus sur les 48 participants. À Paris, Alexandre sera hébergé par un autre ramasseur, Yanis Medard, de SaintCyr-l’Ecole (Yvelines), avec qui la Fédération française de tennis l’a mis en relation : « Je l’inviterai cet été pour le remercier ». Et, sur les courts de la porte d’Auteuil, il espère donc « ‘‘ramasser’’ de nouveau Rafa » mais aussi des joueurs qu’il n’a « pas encore faits » et « des joueuses » : « Mais si on me dit que je ne peux faire que Nadal, je suis d’accord!».
Études
Sa ‘‘qualification’’ pour Roland-Garros privera le collégien ollioulais de trois semaines de cours. « Son collège a compris qu’il ne fallait pas qu’il rate une telle expérience » ,reprend Natalia David, « et Alexandre est bon élève et ne va pas couper complètement» : il brigue le bac S et se verrait bien devenir «pilote d’avion ou contrôleur aérien» ,en tout cas « dans l’aéronautique ».
Classement
« À chaque fois qu’un ramasseur est sur le terrain, il est noté par un superviseur» . À ce petit ‘‘jeu’’, le sociétaire du TC La Valériane a terminé troisième au classement de Monte-Carlo. «À Roland-Garros, les deux meilleurs sont directement qualifiés pour l’Open d’Australie et les cent meilleurs pour l’Open de Bercy : ça me dirait aussi ! ».
Programme
Si Alexandre a initialement choisi de devenir ramasseur pour se rapprocher des joueurs, cela lui « plaît de ramasser » désormais. « L’année prochaine, je vais refaire µ Sophia-Antipolis et Monte-Carlo. Et si on me demande d’aller en Italie, j’irai ! ».
1. Editions Flora Consulting.
La première fois que j’ai donné ses serviettes à Rafa, j’ai eu les larmes aux yeux...”