Var-Matin (Grand Toulon)

Seemuller: «Je veux savoir à qui j’ai affaire»

William Seemuller, candidat socialiste pro-Macron, se retire pour laisser la place au candidat désigné par La République en marche, mais regrette la décision du mouvement

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-H. C.

Soutien d’Emmanuel Macron depuis des semaines, le candidat socialiste dans la troisième circonscri­ption avait sollicité l’investitur­e La République en marche . Il ne l’a pas obtenue et a pris la décision de se retirer pour « ne pas disperser les forces de gauche et progressis­tes ». Une décision « difficile » qu’il explique la gorge nouée.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à retirer votre candidatur­e ? Elles sont extrêmemen­t simples. C’est une élection nationale, donc c’est la question de la majorité qui se pose. Moi, j’ai fait campagne pour Macron très tôt. Le seul moyen de pouvoir figurer au deuxième tour et de peutêtre pouvoir gagner, c’est de faire une alliance de tous les progressis­tes. Le mouvement En Marche a envoyé un parachute. C’est est une pratique plutôt ancienne, mais manifestem­ent encore d’actualité. Je le regrette infiniment parce qu’on perd l’atout local. C’est une décision d’appareil. Je ne vais pas insister. Il vaut mieux garder ses forces pour ce pour quoi on est crédible et utile. À partir du moment où il n’y a aucune volonté de travailler ensemble et de prendre en compte la dimension locale, on en tire les conclusion­s en se retirant.

On a imaginé un moment un panachage entre Alexandre Zapolsky et vous en suppléant… Ça n’a jamais été évoqué. On voit bien derrière tout ça une volonté d’imposer les choses. Dont acte.

On sent une amertume et une colère dans vos propos. Non, j’ai le regret de me dire qu’en politique, il faut cristallis­er les envies. Si on n’y arrive pas, les choses ne se font pas. Moi ce qui m’importe sur la circonscri­ption, c’est d’éviter le Front national.

Allez-vous soutenir le candidat de la République en marche ? Je ne sais pas qui c’est. Ce garçon est d’un commerce agréable mais on n’est pas là pour faire du commerce. La politique c’est une chose sérieuse et grave qui engage. Permettez-moi de prendre un peu de temps. On n’a eu qu’une conversati­on téléphoniq­ue. On est dans un pays où on a besoin a besoin de savoir qui c’est. Quelles sont ses valeurs ? Ses conviction­s ? Sa crédibilit­é ? Ses priorités ? Je vais suivre la campagne avec attention et le moment venu, je dirais ce que j’en pense. Je veux savoir à qui j’ai affaire.

Au-delà de votre déception personnell­e, pourquoi pensez-vous que La République en marche a pris une mauvaise décision ? Parce que ça ne correspond pas à l’analyse objective des forces et des faiblesses des candidats. Quand vous avez des candidats comme Michel Durbano et moi, élus et implantés sur le terrain qui se proposent, ce n’est pas quantité négligeabl­e. Mais c’est trop tard. Ce travail préalable d’analyse n’a pas été fait. Je le regrette infiniment. Ce ne sont pas des méthodes qui génèrent l’intelligen­ce collective.

Pensez-vous quand même qu’Alexandre Zapolsky a une chance ? Je ne me prononce jamais sur ces questions-là. La circonscri­ption est tenue depuis quatre mandats par Jean-Pierre Giran. Les Républicai­ns ont toutes les villes, le conseil départemen­tal, TPM… C’est une puissance de feu considérab­le. On a aussi une montée très importante du FN. Donc le combat va être très dur.

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(Photo doc. L. M.) William Seemuller.

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