François Baroin (LR) veut regarder vers la victoire
Avant sa visite ce soir à Toulon, pour soutenir les candidats investis par LR aux élections législatives, François Baroin, chef de file de la campagne, revient sur les objectifs de son parti
Il veut faire de cette campagne une opération de clarté : le sénateur-maire de Troyes François Baroin, chargé de mener la bataille des législatives pour Les Républicains, entend aussi faire la preuve que les partis, en tout cas le sien, est tojours utile à la vie politique en apportant une majorité parlementaire LR, et donc une cohabitation à Emmanuel Macron. Après la présidentielle, qu’il qualifie de « hors norme », le nouvel homme fort de LR estime qu’il « faut lever toutes ces ambiguïtés et nous avons trois semaines pour le faire en dévoilant la vraie politique de la droite et du centre». A la veille de son déplacement dans le Var aujourd’hui, dans un contexte marqué par l’attentat de Manchester, le nouvel homme fort de LR a accepté de répondre à nos questions. Cet entretien a été relu par François Baroin.
LR porte dans cette campagne un projet bien éloigné de celui de François Fillon à la présidentielle... Oui, c’est normal. Il a été enrichi et rééquilibré. Les Français se sont exprimés. Au premier tour, le visage de la France est celui d’une République fracturée comme jamais, avec quatre blocs d’égale intensité, où un Français sur deux était prêt à choisir entre le chaos et l’anarchie. Oublier cela et ne pas répondre à ce message, c’est ne pas faire preuve de responsabilité politique.
Qu’est-ce qui le caractérise ? Ce travail de synthèse, que nous avons réalisé en quelques jours avec Eric Woerth notamment, aurait dû être fait dès le lendemain de la primaire et le choix de François Fillon. Nous voulons baisser l’impôt sur le revenu de %. Nous sommes ceux qui sont les mieux à même d’incarner cette baisse de la fiscalité puisque c’est dans notre ADN, et nous voulons aussi redonner du pouvoir d’achat à travers la défiscalisation des heures supplémentaires et restaurer la compétitivité de notre économie. On ouvre le débat sur les heures, sur la retraite à ans. L’un des points saillants est quand même la divergence profonde entre la hausse de la CSG portée par En Marche! La CSG à , % c’est un choc fiscal énorme et les Français doivent le savoir. Nous avons des désaccords profonds sur le rétablissement des peines planchers dont le ministre de la justice et En Marche ! ne veulent pas, on veut réformer profondément Schengen, on veut lutter contre le communautarisme, réarmer l’Etat face au terrorisme...
C’est aussi à une opération séduction des classes moyennes ? Sous la présidence Hollande, avec la complicité d’Emmanuel Macron, à l’époque conseiller puis ministre, les classes moyennes n’ont jamais autant été matraquées fiscalement. Ce sont des gens trop riches pour être pauvres et trop pauvres pour être riches… C’est le coeur des forces vives de notre pays. Et elles n’en peuvent plus. La France a le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé d’Europe ; or nous avons toujours été sur la ligne de la baisse des impôts. Quand nous avons été obligés de les augmenter, c’était pour faire face à la crise financière. Moi, je souhaite porter un projet de baisse des impôts. Je suis maire d’une ville depuis vingt ans, je n’ai pas touché aux impôts depuis dix-huit ans. Nous sommes donc crédibles pour le faire. Face à la menace terroriste, Manchester nous rappelle son actualité, que proposez-vous de différent d’En Marche ! ? Face au terrorisme, je refuse qu’on explique aux Français que c’est à eux de s’adapter à la menace, qu’il n’y a rien à faire. Premièrement, le combat pour protéger les Français du terrorisme est aussi le combat contre la délinquance de droit commun. Mettre fin à la politique de désarmement pénal, c’est nous renforcer face au terrorisme. Les actions terroristes sont bien souvent nourries par les trafics de stupéfiants et d’armes, cette délinquance qui se développe dans les failles de la réponse judiciaire. Deuxièmement, la seule guerre possible contre le terrorisme islamiste ne peut être qu’une guerre implacable. Les individus « fichés S » les plus dangereux de nationalité étrangère doivent être expulsés, les autres placés sous surveillance physique et électronique renforcée. Nous dissoudrons tous les mouvements se réclamant du « salafisme » ou de l’islamisme radical. Nous renforcerons nos outils de renseignement et notre coopération. Et nous redonnerons des moyens à nos armées.
Vous venez, aujourd’hui, sur une terre acquise à la droite républicaine, mais où l’électorat tend de plus en plus à choisir les extrêmes. Comment parler à ces électeurs ? On voit bien que la France est coupée en deux du nord au sud et aussi entre les quelques métropoles qui vivent mieux et les autres territoires où les fractures se creusent dans tous les endroits et à tous les niveaux. Je pense quand même qu’il y a un enseignement de cette campagne : Marine Le Pen a coulé dans le débat, elle s’est montrée agressive et violente, elle est incapable de porter le projet et même de le défendre. Beaucoup de gens ont voté pour faire pression en accompagnant le Front national. Ils se rendent compte que c’est une impasse. Nos candidats sont engagés sur le terrain et aspirent à défendre une ligne de liberté bien sûr, mais aussi de responsabilité et d’autorité. C’est ce qu’attendent une majorité des électeurs.
Quelle attitude adopteront les Républicains dans le cadre de triangulaire En Marche ! FN-LR? Nous avons pris des positions en appelant à faire barrage au Front national ; j’ai moi-même comme les autres leaders de notre formation, glissé un bulletin Macron au second tour. D’ailleurs, je ne suis pas certain qu’il y ait tant de triangulaires que cela compte tenu du nombre de candidatures. En tout cas “le moins de députés FN à l’assemblée” sera la ligne directrice incontestable.
Que répondez-vous à Christian Jacob qui a déclaré qu’en cas d’échec, il faudrait revoir une nouvelle fois la ligne politique deLR? Il a raison. Et ces débats seront traités plus tard. J’estime qu’il est de notre responsabilité qu’il y ait une droite, un centre qui existent et puissent gouverner le pays. Les problématiques pour lesquelles notre candidat a échoué seront traitées après le second tour des législatives. Là nous sommes dans le coeur du combat politique et républicain pour permettre aux Français de faire un choix dans la plus grande clarté. Car nous sommes prêts à gouverner.
Vous semblez ne pas douter de la victoire et ce, malgré les divisions au sein de votre propre parti ? La campagne est difficile, mais la victoire est atteignable, parce que cette présidentielle est hors norme. C’est au fond une ligne de différence politique qui peut éventuellement traverser tous les courants de pensée, qui est de considérer que le visage de la France est celui du second tour. La France d’aujourd’hui c’est le premier tour : écartelée comme jamais, et je n’oublie pas que à millions de personnes – par leur abstention, leur bulletin blanc ou nul – n’o nt pas choisi entre M. Macron et Mme Le Pen. Donc les problèmes sont entiers et doivent être réglés par une politique adaptée au message de la France dans sa diversité.
La France d’aujourd’hui, c’est le premier tour ”
Vous êtes ami avec Jean-Michel Blanquer. L’avez-vous félicité lorsqu’il a été nommé ministre de l’Education nationale ? Nous sommes amis. C’est de notoriété publique. Naturellement, je l’ai félicité.
Réunion publique, aujourd’hui à 19 heures, au Palais Neptune à Toulon, autour des candidats investis par LR aux élections législatives. En présence du président départemental LR Hubert Falco, de Xavier Bertrand et de François Baroin.