Trinh-Duc et Nonu forfaits pour défier La Rochelle
Alors que son équipe a traversé le Top 14 en écrasant tout sur son passage, Patrice Collazo réfute le statut de favori pour renvoyer la pression sur Toulon. De bonne guerre mais pas vraiment sérieux
L’affaire n’a pas traîné. Vendredi soir, à l’issue de la qualification du RCT pour les demi-finales, Mourad Boudjellal, grand seigneur, et profil bas, n’avait pas fini d’expliquer pourquoi il offrirait le vestiaire de l’OM à ses valeureux adversaires rochelais que Patrice Collazo se disait déjà prêt à exploser de rire... Favori lui ? Jamais... Au prétexte que le RCT a effectivement trusté les titres ces dernières années alors que La Rochelle n’a encore rien gagné. Comme si les performances passées étaient le gage de celles à venir.
Les chiffres ont parlé
Certes, l’expérience engrangée par le RCT lui donnera un avantage à ce niveau, comme le fait de jouer si près de Toulon. Mais Patrice Collazo force clairement le trait en voulant se faire passer pour un outsider, voire un petit Poucet. Car, ça, c’était clairement avant... Que vaut aujourd’hui une triple couronne européenne, vieille de 2015, au regard de la saison exceptionnelle réalisée par le Stade Rochelais ? Comment comparer le parcours linéaire et impressionnant des Rochelais avec la bouillie de saison servie sur la rade ? Les chiffres en attestent. La Rochelle, 1er de cordée du Top 14 avec la bagatelle de 16 points d’avance sur le RCT à l’issue de la phase préliminaire, est bien le favori de ce match qui aurait encore paru carrément déséquilibré il y a quelques semaines. Et ce n’est pas l’embellie toulonnaise de ce printemps à la sauce Cockerill qui peut effacer tous les doutes ou justifier une inversion des rôles. Avec 7 victoires à l’extérieur (contre 3 pour Toulon), La Rochelle a largement fait la preuve de sa capacité à voyager et à gagner n’importe où... Même à Mayol (voir ci-dessous). Saluons d’ailleurs là l’excellent travail réalisé par Collazzo, déjà sacré meilleur entraîneur de Pro D2 en 2014 à l’occasion de la remontée des Rochelais en Top 14. L’entraîneur seynois est clairement devenu l’homme fort du Stade Rochelais et, à défaut de pouvoir parler de son bon caractère, tout le monde loue aujourd’hui ses talents de manager, mais aussi de négociateur. Car ce qu’il a réalisé cette année, après avoir construit brique à brique son groupe, a enflammé les observateurs, bien au-delà de sa forteresse. L’air de rien, le mec a le don pour optimiser un budget et transcender les hommes. Et malgré des moyens limités (13e masse salariale du Top 14 avec 6,7 M d’euros contre 10,7 pour Toulon), il a caracolé en tête du championnat en s’appuyant, avec les Atonio, Pelo, Vito, James, Gourdon, Botia, Murimurivalu, Lacroix et autres Rattez, sur un effectif aussi talentueux et puissant qu’homogène. Allez d’ailleurs demander aux supporters rochelais, sans doute les plus chauds actuellement en France, et quasiment comblés tous les week-ends jusque-là, s’ils se considèrent aujourd’hui comme des outsiders ? Seule ombre au tableau cette année où tout a souri jusquelà en Charentes, dans sa quête de victoires et de nouvelle gloire, La Rochelle n’a pas respecté le quota moyen de 14 Jiff par feuille de match imposé par la Ligue (13,5 contre 14,2 à Toulon). Mais cela n’a rien à voir avec un handicap ou un inconvénient d’un point de vue sportif.
Nouveau statut d’épouvantail
Après avoir raté d’un cheveu, sur une défaillance de Brock James, la finale du Challenge européen (battu en demi-finale 14-16 par Gloucester) miavril, le Stade Rochelais a une autre occasion de valider son nouveau statut d’épouvantail sur la scène nationale... On comprend bien sûr que Collazo tente de minimiser ses forces. C’est de bonne guerre. Mais on ne doute pas un instant de ses intentions. Et à la vérité, son groupe, bardé de repères et de certitudes avance en pleine confiance et au complet vers le Stade de France. Qu’il le veuille ou non, ce sera bien à Toulon de déjouer les pronostics...