Var-Matin (Grand Toulon)

Les braqueurs de La Seyne ont joué les Petit Poucet

Rapidement identifiés, par une incroyable série de maladresse­s, les agresseurs de la bijoutière n’ont guère posé de problèmes aux enquêteurs de la brigade criminelle. Leur procès s’achève

- G. D.

Les enquêteurs de l’antenne toulonnais­e du SRPJ de Marseille ont défilé hier à la barre de la cour d’assises du Var. Ils ont confirmé que leur enquête avait été grandement facilitée par l’amateurism­e des deux hommes qui, à midi le 11 février 2014, avait attaqué à visages découverts une bijouterie du centre de La Seyne-surMer.

Attablés une heure face à la caméra

« Soit on a été très bons, soit les malfaiteur­s ont joué de malchance », a sobrement commenté le directeur d’enquête de la brigade criminelle. Et d’indiquer que le vol à main armée avait eu lieu sous l’objectif d’une caméra de vidéosurve­illance de la ville. « On les voit arriver une heure avant, s’attabler à la terrasse d’un café à côté de la bijouterie, et que l’un d’eux touche un verre, qui nous sera remis aussitôt. » Sur ce verre à sirop, la technicien­ne de l’identité judiciaire trouvera les empreintes digitales d’Aziz Chaib Ainou.« Dans la bijouterie, ils ont oublié un sac de supermarch­é. » Au laboratoir­e de police scientifiq­ue de Marseille, on y trouvera l’ADN de Smaile Zairi. « Un témoin, situé en face de la bijouterie, a fait des photos à la sortie des deux braqueurs. Elles étaient très bonnes. Quasiment des photos d’identité. »

Ils ont même pris les bijoux en toc

Le policier a observé que le duo de braqueurs avait poussé le manque de discerneme­nt jusqu’à emporter quantité de bijoux sans valeur, installés dans les présentoir­s avec des étiquettes portant la mention “factice ”. Une partie de ces bijoux avait été retrouvée au domicile du frère aîné d’Aziz Chaib Ainou à Marseille. Ce qui vaut à celui-ci et à sa compagne de comparaîtr­e devant la cour pour recel aggravé. Ce père de famille, connu seulement pour des délits routiers remontant à sa jeunesse, a expliqué que ces bijoux avaient été laissés chez lui à son insu. Son frère avait simplement déposé un sac, dont il ignorait le contenu. Plus curieuse, sa compagne avait ouvert le sac, avait vu des bijoux, et en avait gardé quelques-uns. Enceinte de huit mois à la barre, elle a dit à la cour qu’elle s’en voulait de les avoir pris. Pour le reste, elle a décrit le père de ses cinq enfants comme un homme tranquille, droit et travailleu­r. La cour entendra ce matin les experts sur la personnali­té des accusés. La parole sera ensuite donnée aux parties au procès. Le verdict pourrait intervenir tard ce soir.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Le frère aîné d’Aziz Chaib Ainou et sa compagne ont contesté les charges de recel aggravé qui les ont conduits devant la cour.

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