Parti socialiste varois: chronique d’une mort annoncée?
Le retrait de la candidate PS Viviane Driquez dans la première circonscription du Var confirme l’agonie du parti, qui réalisait plus de 20 % des voix, il y a cinq ans
«Je ne voulais pas d’un deuxième tour Levy Navarranne dans la première circonscription. » Alors, entre LR et le FN, la candidate du Parti socialiste a choisi de jeter l’éponge au profit d’Élisabeth Chantrieux, investie par La République en marche. Sur le papier (1), Viviane Driquez explique retirer sa candidature pour éviter un éparpillement des voix de gauche, lequel pourrait faire le jeu du Front national. Dans les faits, la jeune femme était isolée dit-on, sans (beaucoup de) forces militantes et, surtout lâchée par celui qui avait obtenu l’investiture Valentin Giès, devenu adepte de la marche. Difficile dès lors de mener le combat. C’est pourtant la mort dans l’âme que la candidate PS a jeté l’éponge, tout en souhaitant réussite à la candidate de LREM : « Je veux que mon pays réussisse, que ma ville réussisse, et je garderai les valeurs qui sont les miennes et qui sont au coeur de mon action d’élue de proximité auprès des Toulonnaises et des Toulonnais.» « Il est difficile de défendre une formation, en pleine confusion, qui soutient à la fois des candidats se revendiquant de la majorité présidentielle et d’autres qui disent être dans l’opposition » analyse l’ancien conseiller municipal PS et ancien conseiller régional à Toulon Robert Alfonsi.
Plus de % des voix aux législatives de
Au-delà de ce qui ne serait qu’un fait de circonscription, ce retrait confirme la déliquescence d’un parti qui a marqué l’histoire du département et dominé la politique d’après-guerre jusqu’au milieu des années quatre-vingt. Et jamais le Parti socialiste n’avait été absent des législatives, y compris dans les pires moments de la vie politique de la gauche, comme ce fut le cas en 1993(2). Le PS est même absent de la plupart des circonscriptions : en s’appuyant sur des accords nationaux au profit de partenaires, le parti socialiste ne compte plus que deux titulaires dans les cinquième (Insaf Rezagui) et sixième circonscription (Cécile Laublet) et un suppléant (Jimmy Coste) dans la septième circonscription. Dans la deuxième, la candidate investie par le PS (Cécile Muschotti) roule finalement pour La République en marche !, et le candidat de la troisième William Seemuler a lui aussi jeté l’éponge faute d’obtenir l’investiture d’En Marche ! Pour mémoire, le Parti socialiste comptait encore en 2012, neuf conseillers régionaux, une trentaine de communes, et 13 conseillers généraux. Lors des dernières législatives justement, en 2012, les candidats PS avaient fait plus de 20 % des suffrages exprimés dans les huit circonscriptions du Var. Robert Alfonsi affichait même près de 38 % des voix au second tour dans la première circonscription du Var. Le meilleure second score de toute la gauche dans l’une des circonscriptions les plus à droite, dominée par la municipalité. Quand Bernard Giner, premier secrétaire fédéral, préfère parler d’un « affaiblissement supplémentaire du parti à Toulon», et insiste sur le fait qu’il «faudra travailler à la reconstruction », quand le sénateur maire de Toulon et président LR du Var Hubert Falco évoque, lui, sans détour, « la mort du Parti socialiste», les puristes eux, dénoncent à regret « un gâchis. Humain et politique. » 1. Viviane Driquez nous a informés de sa décision par courrier. 2. Affaire du sang contaminé sous le gouvernement de Laurent Fabius.