Le Code du travail à l’épreuve des ordonnances en septembre
Emmanuel Macron, qui veut réformer le Code du travail par ordonnances pendant l’été, a noué, hier, le dialogue avec l’ensemble des responsables syndicaux et patronaux, à qui il a donné des précisions de calendrier, sans rien dévoiler sur le fond. Reçus tour à tour par le président, les leaders de la CFDT, de la CGT, de FO, de la CFE-CGC et de la CFTC ont plaidé pour desserrer le timing de cette réforme à haut risque, que le gouvernement juge prioritaire. Les responsables patronaux du Medef, de la CPME et de l’U2P, eux, ont réitéré leur exigence de rapidité. Selon le président de la CPME, François Asselin, le chef de l’État a annoncé une « grande concertation » jusqu’à mi-juin, avant une loi d’habilitation à légiférer par ordonnances « durant l’été », puis une loi de ratification des ordonnances « courant septembre ». François Hommeril (CFE-CGC) a compris, lui, que cette ratification interviendrait « fin septembre », ce qu’il perçoit comme une « détente » du calendrier par rapport aux annonces de campagne. Reçu plus tôt dans la journée, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, avait estimé que le calendrier avait « l’air d’avoir bougé », y voyant « plutôt une bonne chose ». L’Élysée a de son côté assuré que « ce n’est pas au niveau du président de la République que le calendrier est géré » et que « la mise en oeuvre opérationnelle sera de la responsabilité du Premier ministre et de la ministre du Travail ». Édouard Philippe et Muriel Pénicaud doivent recevoir les partenaires sociaux aujourd’hui et lundi. Pierre Gattaz (Medef) et Jean-Claude Mailly (FO) s’y rendront aujourd’hui, Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez lundi.
« Déverrouiller le marché du travail »
«La réforme du marché du travail doit aller vite, c’est essentiel pour la confiance de déverrouiller le marché du travail », ce qui permettrait d’« améliorer » les chiffres du chômage, a martelé Pierre Gattaz. Mais les syndicats ont mis en garde contre une réforme menée au pas de charge. Pas question pour eux que le dialogue social passe à la trappe pour réformer le Code du travail, moins d’un an après la loi El Khomri. Insuffisamment discutée avec les partenaires sociaux et rejetée par une partie des syndicats (dont la CGT et FO), la loi Travail avait donné lieu à six mois de contestation. Pour éviter un nouveau conflit, Laurent Berger a redemandé au président « que la méthode ne soit pas à la hussarde » et laisse «le temps suffisant à la nécessaire concertation ».