Var-Matin (Grand Toulon)

Une pluie d’étoiles sur le Festival

Hier après-midi, les festivalie­rs ont retenu leur respiratio­n. Le temps d’une minute de silence en mémoire des victimes de l’attentat de Manchester, survenu la veille. Cannes a retrouvé son souffle en soirée, lors de la cérémonie du 70e anniversai­re. Aprè

- par FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

L’attentat de Manchester l’a bien sûr assombrie. Mais la fête est passée. Feu d’artifice excepté. Le Festival de Cannes a donc soufflé ses soixante-dix bougies hier soir, lors d’une cérémonie à laquelle ont pris part d’innombrabl­es représenta­nts parmi les plus éminents du septième art. Le déluge d’étoiles avait commencé sur le tapis rouge. De plaisir sans doute, s’y étant succédé douze Palmes d’or dont Jane Campion, Costa-Gavras, Claude Lelouch, Ken Loach et encore George Miller, Roman Polanski ou Michael Haneke. Pardon pour l’énumératio­n autant que pour les omissions. Et mille stars dont Catherine Deneuve, Nicole Kidman, Charlize Theron, Elle Fanning, Will Smith, Christoph Waltz ou Mads Mikkelsen. Concentrat­ion de talents de tous les temps. Comme un portrait de famille, celle du cinéma plus soudée que jamais. Au côté de Thierry Frémaux, Isabelle Huppert s’est révélée parfaite en maîtresse de cérémonie. Avec une pointe de fantaisie et des élans de poésie. « C’est une théorie difficile à prouver, mais je crois que les anniversai­res nous rajeunisse­nt », a-t-elle glissé avant de plaider pour le retour de Gene Hackman au cinéma, « même sur Netflix s’il le faut – je n’ai rien dit… » Son voeu pour les soixante-dix prochaines années ? Que les réalisateu­rs continuent partout de filmer pour « éclairer le monde », puisque « le cinéma a besoin de nous, tout comme nous avons besoin de lui ». Le président Lescure et son coeur qui chavire. Vincent Lindon en interprète ardent des mots de Vaclav Havel, Albert Camus ou André Bazin. Guillermo del Toro dans un touchant éloge de la différence, décelant à travers les monstres « la beauté et la poésie de l’imperfecti­on ». Des émotions, toutes les émotions de la vie et de l’écran sur une B. O. composée par Camélia Jordana et Babx, puis Vianney. Enfin la projection d’extraits marquants de soixante-dix ans de Cannes. Les scandales et les remercieme­nts, les engagement­s et les emportemen­ts, tout ce qui fait que ce Festival est le plus riche, le plus important. Du rire aux larmes, on a aimé revoir Roberto Benigni se jeter aux pieds de Martin Scorsese et Jean Dujardin à ceux de Robert De Niro. Ou réentendre les voix mêlées de Vanessa Paradis et Jeanne Moreau dans Le

tourbillon de la vie. Un peu de nostalgie car les célébratio­ns s’y prêtent. Mais aussi beaucoup d’espoir. En se remémorant l’appel de Xavier Dolan en 2014 : « Accrochons-nous à nos rêves car nous pouvons changer le monde ».

« LE CINÉMA POUR ÉCLAIRER LE MONDE »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France