« Entre Rodin et Camille, un big-bang amoureux »
L
e réalisateur lui a donné rendezvous dans un restaurant parisien. « Jacques m’a parlé de Rodin pendant à peu près trois heures et demie sans pause pipi. À la fin, il m’a fait : “Bon, on se tient au courant !” Et ça s’est décidé comme ça. » Du cinéma de Doillon, elle ne savait pas grand-chose. Il fallait aussi dompter le personnage de Camille Claudel. Intimidant ? « Bien sûr! N’ayant pas vu les films de Nuytten et Dumont – et Jacques m’a dit de ne surtout pas les regarder – je n’avais aucun fantôme au-dessus de moi. » Elle a donc vu Camille « comme une jeune fille amoureuse ».
Et justement, « on se rappelle forcément comment on a été amoureuse au même âge ». S’il ne lui a pas donné tout ce qu’elle attendait, Rodin a nourri pour Camille un véritable sentiment amoureux. « Je crois qu’il a toujours pensé à elle. Jusqu’à la fin, il envoyait de l’argent et demandait que des oeuvres d’elle figurent dans de grandes expositions. De son côté, Camille avait un terrain psychologique terrible. Devenue paranoïaque, elle était persuadée qu’il épiait son travail. Le fait d’être ignorée est une injustice dont elle ne s’est jamais remise. On peut comprendre que cela puisse rendre fou. » Quelle image au final garde-t-elle de cet homme ? « Rodin, je ne peux pas parler en son nom : le mec, je ne le connais
pas ! Après, tout le monde une fois dans sa vie a pu être un salaud. » Quoique d’une autre nature, le lien affectif qui l’unit à Jacques Higelin est
tout aussi fort. « Sa reconnaissance, son amour sans borne, la fierté dans ses yeux, tout cela m’a portée. C’est lui qui m’a mise sur Terre, m’a glissé un instrument dans les mains à cinq ans, m’a fait chanter sur scène et m’a dit, quand à 15 ans je voulais arrêter l’école pour partir en tournée : “Vas-y, go ! Super idée !” Je pourrais parler de mon père pendant des heures. » Très concentrée sur le cinéma, Izïa sera dans le prochain film de Pierre Schoeller sur la Révolution française et se prépare à tourner trois autres longs-métrages. Elle s’est cependant remise à écrire : « Je pense entrer en studio en novembre. Dans la musique, la notion de plaisir est immense. »
« TOUT LE MONDE UNE FOIS DANS SA VIE A PU ÊTRE UN SALAUD »