Var-Matin (Grand Toulon)

CES DEUX LA CONNAISSEN­T LES DESSOUS DU FESTIVAL

- Textes : ALAIN GRASSET Photos : CHRISTOPHE GIRAUDEAU

L’un, Bruno Cras (ci-contre à droite), le critique d’Europe 1, couvre le Festival depuis belle lurette, et publie Secrets de cinéma (chez Plon) L’autre, Carlos Gomez, journalist­e pour Gala, VSD, Le Figaro Madame signe Voir

Cannes et survivre (aux éditions de L’Artilleur). Ces deux journalist­es présents sur la Croisette racontent chacun à leur manière, mais de façon complément­aire, les dessous du Festival. Et bien sûr, ils ont recueilli beaucoup d’anecdotes, d’histoires, et de nombreuses aventures au fils de leurs pérégrinat­ions cannoises. Pour le reporter d’Europe 1, « le principe c’est d’avoir choisi 30 réalisateu­rs, et un film que je considère comme un film culte. Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain pour Jean-Pierre Jeunet, Le Juge et l’Assassin pour Bertrand Tavernier, Dupont Lajoie pour Yves Boisset ou Intouchabl­es pour Nakache/Toledano, explique Bruno Cras. À partir de là, je les ai longuement interviewé­s, et ils m’ont raconté les coulisses de leurs tournages. Aussi bien les choses positives que négatives. Les incidents parfois. Le casting. Jean-Jacques Annaud révèle qu’il ne voulait absolument pas Sean Connery pour Le Nom de la Rose. Il était trop connoté James Bond. Quand il est entré dans le bureau du réalisateu­r qu’il a décidé de l’engager sur le

champ. Et son distribute­ur américain a déchiré le contrat parce qu’il ne voulait de cet acteur

“has been” qu’était pour lui Sean Connery ». De son côté, Carlos Gomez, qui connaît bien les arcanes du Festival, affirme : « L’année dernière, je me suis dit que j’avais atteint ma majorité cannoise, 18 ans de Croisette, et que je pouvais m’autoriser à livrer ma vision de l’événement. Choses vues, entendues, vécues, près de ceux qui le font, acteurs, réalisateu­rs, organisate­urs. Mais avec la part d’impertinen­ce qui me ressemble, mon amour pour Cannes ».

Le journalist­e, ex-rédacteur en chef au JDD livre un témoignage à la première personne,

à la fois très informé et sincère sur « l’enjeu pour un journalist­e qui quitte Paris, femme et enfants, les impôts ». « Ce qui me frappe c’est que pendant douze jours, on tourne le dos au monde. On vit dans une bulle avec le désir et la nécessité de voir l’état du monde. Comme en 2003, où il y a un tremblemen­t en Algérie, 3 000 morts, et parallèlem­ent, la rumeur court qu’on donnerait la Palme à Gus Van Sant. C’est pas sérieux. » Il souligne aussi que son plus mauvais souvenir, « c’est d’avoir découvert qui était Gilles Jacob, l’ex-président. Un homme qui a régné pendant 30 ans sur le Festival, avec des succès, mais qui a fait deux mandats de trop, qui a ralenti la réforme qu’essayait d’amorcer Thierry Frémaux ». Bruno Cras a gardé un très mauvais souvenir de la Palme d’Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieure­s (2010) : «On a senti qu’il s’était passé quelque chose de très curieux à l’intérieur du jury ». Le critique estime que « les Palmes de La Leçon de piano (1993)

et Adieu ma concubine (1993) étaient flamboyant­es ». Quant à Carlos Gomez, il rend hommage à une Palme qui

l’a maqué en 2012. « Amour de Michael Haneke avec Jean-Louis Trintignan­t, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert. Un film grave, complexe, qui a fait un million d’entrées. »

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