SALMA ACTIVISTE DU SEPTIÈME ART
La suite Kering accueillait hier Salma Hayek, CostaGavras et Kaouther Ben Hania. Impossible de ne pas avoir une pensée pour les victimes de Manchester. Un seul réconfort pour la réalisatrice tunisienne : savoir que l’auteur a lui aussi trouvé la mort. Effroi du côté de Salma Hayek : « Ariana Grande est la chanteuse préférée de ma fille. Si nous avions été au Royaume-Uni, elle serait peut-être allée au concert. Je suis dévastée. »
La discussion a porté pour l’essentiel sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Avec sa fondation, Salma Hayek a rappelé avoir beaucoup oeuvré, notamment auprès des prostituées en militant pour l’utilisation du préservatif. Quant à la place des femmes dans le cinéma, elle est revenue sur ses débuts difficiles, quand le milieu se moquait de ses origines. Dans une industrie du cinéma dominée par les hommes,
« il faut du courage », a-t-elle expliqué, pour s’imposer. Costa-Gavras plaide lui aussi pour des aides plus nombreuses à destination des réalisatrices, notamment dans les pays émergents. « La situation a changé au cours des vingt dernières années mais ce n’est pas encore suffisant », a insisté l’auteur de Z ,de L’Aveu ou de Missing. « Quand le metteur en scène est une femme, tout devient beaucoup plus agréable », a-t-il ajouté. « Les réalisatrices dirigent dans le calme. Avec elles, les hommes redeviennent des enfants. » « Travaillent-elles plus dur ? », s’interroge Salma Hayek. « Oui, je le crois. » Sont-elles plus investies ? « En tout cas, elles sont plus attentives. » Pour Kaouther Ben Hania, l’ego et les conflits sont moindres sous la direction d’une femme. « Peut-être est-ce l’instinct maternel », suppose-t-elle, satisfaite d’avoir imposé sa vocation dans un milieu où personne ne l’attendait. Salma Hayek regrette d’autant plus des chiffres qui ne mentent pas : 80 % des fonds publics pour le cinéma, en Europe, vont aux hommes.