Vincent Lindon, maître sculpteur
L’histoire
À Paris, en 1880, Auguste Rodin (Vincent Lindon) reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’État : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme Le Baiser et Le Penseur. Il partage sa vie avec Rose (Séverine Caneele), sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel (Izïa Higelin), son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement.
Notre avis
Vincent Lindon est un acteur qui marche à l’affect et cherche constamment la performance, quitte par instants à forcer le trait. Son incarnation de Rodin reste impressionnante. Le regard noir, concentré, les mains au service de l’oeuvre à accomplir et le phrasé parfois incompréhensible, auquel s’ajoute un indéniable charisme amplifié par une grosse barbe, l’acteur déjà primé à Cannes pour La Loi du Marché épate une nouvelle fois. Difficile d’exister à côté de lui tant il dévore l’espace comme le maître sculpteur en son temps. Camille Claudel, interprétée par une proprette Izia Higelin, l’apprend à ses dépens… Derrière la caméra, Jacques Doillon soigne sa mise en scène, parle d’amour, de désir et avant tout de création. Il place lesdites oeuvres au-dessus de l’artiste avant de rétablir le rapport de force puis de le mettre constamment en balance. Le résultat, palpable tient en haleine et son choix d’articuler le film autour de la modélisation du buste de Balzac, qui a marqué son temps par son caractère précurseur, est une idée brillante. À la fois séduisant et rustre, à l’image de l’époque dépeinte, brillamment reconstituée, Rodin n’en demeure pas moins ponctué de défauts. Bavard, souvent explicatif, parfois redondant, le scénario manque de subtilité. On est donc tantôt subjugué, tantôt lassé, mais on finit par s’incliner devant le résultat, plein de sens, moderne et pétri d’amour pour l’art, avec un grand A.