Hueber a retrouvé “son” RCT
Aubin Hueber livre sa vision du choc annoncé. Il est certain que ça va décoiffer
Il a beau être né à Tarbes, le sang toulonnais coule dans les veines d’Aubin Hueber. Ce RCT, l’ancien neuf y est viscéralement attaché. Comme un olivier à ses racines. Pour y avoir longuement évolué et connu la liesse d’un titre national en 1992. Pour l’avoir entraîné aussi. Porté à bout de bras. Avec des joies et des galères... Depuis des ballons ont roulé sous les ponts. Le stratège a quitté la mêlée pour prendre de la hauteur. En tribune de presse. C’est de là, tantôt au micro de Sud Radio, tantôt devant les caméras de Rugby+, qu’il partage sa science du jeu. Livre les clés de la maison rouge et noire. De la haute couture pour un expert de la culture rugby. Rassuré par le quart livré sauvagement au peuple de Mayol, l’entraîneur des trois-quarts de l’équipe de France U19 s’attend à un plat tout aussi corsé demain au stade Vélodrome. Une demie d’hommes. Épaisse... Sans vendre la peau de l’ours, il verrait bien les guerriers de la rade – ses héritiers en somme – franchir le mur de l’Atlantique. À la masse. À l’expérience aussi de ces rendez-vous sans filet. Ouvrons les guillemets...
L’équipe a recentré son jeu sur la destruction et la défense... ”
Surpris par le visage guerrier du RCT contre Castres ? Pas franchement. Depuis trois, quatre matches, on le sentait monter en puissance. Il s’est retrouvé sur ses valeurs de combat, sur la conquête. Des éléments essentiels en phases finales. On l’a vu contre Castres. Notamment à contre , les gars ont eu de l’orgueil. Des tripes. Pour ne pas dire des c ....
Il fallait ça vu la violence des contacts... C’était même limite dans les vingt premières minutes. Mais bon, pour employer le langage du rugby moderne, je parlerai plutôt d’intensité que de violence. Il y avait en revanche énormément de tension. C’était palpable. Mais M. Ruiz (l’arbitre) a su maîtriser tout ça...
Un arbitre vivement critiqué par le président Boudjellal... Franchement, sur le jaune à Mitchell et l’essai de pénalité, il a appliqué la règle. Si le ballon passe, il y a essai. Moi, j’ai trouvé son arbitrage plutôt cohérent. Sauf sur une faute d’Urdapilleta dans un ruck. Il vient sur le côté prendre le ballon et aurait mérité le carton. Mais je ne veux pas m’étendre sur le sujet...
Surtout que le ticket pour la demie est validé... Et bien validé. Même si, avouonsle, une victoire de Castres n’aurait pas été scandaleuse. En tout cas, ce match va faire du bien aux joueurs. Dans les têtes en particulier. En infériorité numérique, portés par leurs cadres, ils ont eu le mental pour revenir dans la partie et s’imposer. C’est énorme.
Vous avez retrouvé votre RCT ? C’est évident. L’équipe est appliquée sur la mêlée, la touche. Elle a recentré son jeu sur la destruction et la défense. C’est la marque de fabrique de Toulon.
Est-ce aussi la patte Richard Cockerill ? Il est revenu à ce jeu-là, c’est certain. À des choses simples. Et les joueurs ont pleinement adhéré. Preuve que ça leur convient mieux que la philosophie prônée par Ford...
Qui était ? Un jeu davantage élaboré, avec de nombreuses passes. Le problème c’est que pour mettre ça en pratique, il faut que ce soit dans ton ADN. Ça convient bien à des équipes comme Toulouse et Clermont. Mais pas au RCT, qui a besoin de combat. De guerroyer. On l’a bien vu en seconde mi-temps après les deux cartons jaunes, il y a eu comme un déclic. Les gars se sont encore plus soudés. Ils ne voulaient rien lâcher...
Le match a basculé à cet instant ? En partie certainement. Les Guirado, Vermeulen, Nonu, Smith (...) ont sonné la révolte. C’est fréquemment le cas dans ce genre de situation et le RCT l’a appris à ses dépens lors de la dernière finale du Top . Après le rouge infligé à Machenaud, le Racing a trouvé les ressources nécessaires pour s’imposer. C’est comme ça : le jeu appartient aux joueurs, et lorsqu’ils décident de pousser fort, bien souvent rien ne les arrête... Vous évoquez le rôle des gros, qu’avez-vous pensé de la charnière, et plus particulièrement de Tillous-Borde ? Elle revient en forme. À son niveau. Tillous-Borde a été pétillant. Il ne faut pas oublier qu’il a enchaîné les blessures, et quand tu évolues dans un registre plutôt physique, forcément c’est délicat. Il manquait aussi de confiance. Mais là, il a eu le rendement qu’on lui connaît...
C’est de bon augure avant La Rochelle... Le RCT aura besoin de sa charnière à %. Il ne faudra pas qu’elle hésite à aller défier Brock James notamment. Ce sera le rôle de Trinh-Duc (interview réalisée avant l’annonce du forfait du Toulonnais, Ndlr) .Mêmesi,àmon avis, dans les phases défensives, il sera décalé de l’ouverture à l’aile...
Pour quelle raison ? Il ne plaque pas. Défend moyennement. Je pense donc que Collazo ne va pas prendre le risque d’ouvrir cette brèche. On l’a déjà vu en saison régulière.
L’adversaire s’annonce coriace... C’est une belle équipe. Complète dans toutes les lignes. Elle allie la puissance devant et la fluidité derrière. Son alternance dans le jeu est également très bonne. Il faut s’attendre à une demie intense. Qui pique. Avec un adversaire difficile à manoeuvrer...
Avec des points faibles quand même ? Peu, en fait. Peut-être son manque d’expérience à ce niveau de la compétition. Et le fait aussi de ne pas avoir joué pendant trois semaines. Certes, les Rochelais seront plus frais que les Toulonnais, mais ils manqueront de rythme.
Et le stade Vélodrome devrait aussi être rouge et noir ! Je l’espère de tout mon coeur. On s’est rendu compte, contre Castres à Mayol, de l’importance du public. Il est donc indispensable que le peuple toulonnais soit derrière son équipe. Mobilisé comme un seul homme. Qu’il donne de la voix et la pousse à se surpasser pour aller à Paris, en finale au Stade de France.
La Rochelle allie la puissance à la fluidité et sera difficile à manoeuvrer ”