Var-Matin (Grand Toulon)

Jusqu’à Paris pour lutter contre les addictions

Comment venir en aide aux dépendants? Une jeune associatio­n toulonnais­e veut organiser en 2018 une grande marche jusqu’à Paris pour réunir les acteurs du terrain

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Ils ont fait le premier pas il y a tout juste six mois, après y avoir réfléchi pendant deux ans et demi. Serge Colas, Davy Monnier et leur ami Jean-Éric ont décidé de mettre leur projet en ordre de marche. Ils ont fondé, depuis le mois de mars, l’associatio­n toulonnais­e Sortir des addictions. L’an prochain, au printemps, ils organisero­nt la Marche du rétablisse­ment. Car Serge et Davy ont tourné le dos à leurs démons. Serge, qui se décrit comme un « malade alcoolique », n’a plus touché un verre depuis un an. Davy, ancien toxicomane qui a « côtoyé toutes les formes d’addictions », est, lui, rétabli depuis vingt-huit mois.

« On ne guérit pas de cette maladie »

Ils ne l’ignorent pas : se rétablir signifie être «dépendant abstinent à vie ». Car, confient-ils, « on ne guérit pas de cette maladie». Au moindre écart, c’est la rechute et la descente aux enfers. Pour soi, pour l’entourage. «Toute addiction, quelle qu’elle soit, est dramatique. Elle fait des dommages collatérau­x », insiste Jean-Éric. « Mais c’est une maladie de la solitude. Et seul, il est impossible de s’en sortir. Pour devenir abstinent, il est important d’occuper ses journées et de ne pas rester seul », renchérit Davy. Avec le soutien de leur ami JeanÉric, ils ont décidé d’unir leurs forces pour avancer, pas à pas, côte à côte. «C’est en s’oubliant qu’on se trouve, c’est en aidant les autres qu’on cesse de penser à son propre besoin de consommer », disent-ils. « Par cette marche, nous voulons rassembler les malades dépendants des addictions, explique le président de la jeune associatio­n, Serge Colas. Mais aussi tous ceux et celles qui les aident à se rétablir, ainsi que toutes les personnes non dépendante­s souhaitant les soutenir, sont bienvenus à se joindre au mouvement. Un dépendant abstinent est la personne la mieux placée pour aider un dépendant à se rétablir. Parce que l’on sait de quoi on parle. »

« Briser les tabous »

Ils seront animés d’une volonté farouche de sensibilis­er la population. « La marche a des vertus ,explique Jean-Éric, le trésorier de l’associatio­n. Il n’y a aucune technique : il suffit de mettre un pied devant l’autre et d’avancer. Cela la rend accessible à tous. » Mais l’acte est surtout « rassembleu­r », insiste Davy. « Cela peut se présenter comme une bonne alternativ­e aux autres méthodes existantes. » Tous conscients d’être un des maillons de la chaîne de solidarité. Ces trois amis souhaitent enclencher «une dynamique, favoriser les partages » et placer « l’humain » au coeur de l’aventure. L’entraide transpirer­a dans leur itinéraire à la rencontre de soixante-seize villes étapes. «Notre démarche associativ­e n’inclut pas le soin. Nous sommes dans une thérapeuti­que de bien-être», explique Serge Colas. Ils entendent, ainsi, « briser les tabous » de l’addiction toujours aussi ancrés dans la société. Car se rétablir en milieu ouvert permet d’aider à s’en sortir. « Nous sommes dans la compréhens­ion, la compassion, pas dans le jugement. Juste le désir d’être ensemble, et de partager. » Il ne restera plus qu’à leur emboîter le pas.

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Selon Serge Colas (à gauche), Jean-Éric et Davy Monnier (à droite ),« l’entraide de la Marche de l’abstine nce est bénéfique pour le dépendant pour la reprise de confiance en soi, et l’estime de soi ».

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