L’effet monstre du film d’animation Zombillenium
DES MONSTRES SUR LE TAPIS ROUGE
C e n’était pas une séance de minuit, mais la première « séance enfants » du Festival. Et pourtant. Zombies, vampires et loups-garous ont hanté la montée des marches hier après-midi pour la projection de Zombillénium (lire critique ci-contre). Bouh ! Même pas peur. Séquence récréation plutôt que frissons. Adapté d’une bande dessinée à succès (éditions Dupuis), le film fait honneur plutôt qu’horreur à l’animation made in France. Et pas question de se laisser vampiriser par Disney, Dreamworks ou Pixar ! Avec un budget de 13,4 millions d’euros pour ne pas se laisser intimider. « C’est le troisième long-métrage que nous produisons, mais c’est mon plus gros. L’ambition est bien de rivaliser avec les Américains, mais sans les copier ! », souligne le producteur Henri Magalon (Maybe Movies), natif d’Ollioules (dans l’ouest Var), qui avait déjà présenté Ernest et
Célestine, à La Quinzaine des réalisateurs sur la Croisette. Le cahier des charges reste le même : « Quand on peaufine le scénario de nos films d’animations, on essaie toujours d’avoir un propos à hauteur d’enfants, mais avec un soustexte plus adulte, afin que la projection ne soit pas un sacrifice parental, rigole Henri. Zombillénium, c’est un film d’aventures, avec des sorcières, des loups-garous, des monstres, mais c’est aussi une fable sociale, avec des vampires arrivistes et une certaine lutte des classes ». Projet audacieux, qui porte la « griffe » de l’animation « frenchie », avec un graphisme léché au service d’un cinéma d’auteur. Et dire que tout est parti de la couverture d’un magazine Spirou, spécial Halloween ! « Le rédac’ chef a constaté que je m’éclatais à dessiner des monstres, alors il m’a soudain donné carte blanche pour en faire une BD », raconte Arthur de Pins dessinateur et co-réalisateur (avec Alexis Ducord) du film. Trois tomes (sur six prévus) sont déjà sortis à environ 300 000 exemplaires, avant qu’Arthur ne sorte de ses plates-bandes pour s’illustrer sur le grand écran. « On a gardé l’univers de Zombillénium, ce parc d’attraction d’un autre genre, où les monstres vivent et travaillent parmi nous. Mais on a développé une histoire propre au film. » Le passage du neuvième au septième art, métamorphose à la Frankenstein ? « On a décidé d’être 100 % fidèle au style de la BD, mais techniquement, on a opté pour la 3D. On ne voulait pas un rythme trop saccadé et rapide, pour que l’oeil s’attache aussi aux tatouages et détails des personnages. Et puis on ne voulait pas que ça fasse trop cartoon. » Hier, le spectacle était (presque autant) dans la salle qu’à l’extérieur, car l’équipe du film a joué le jeu de la mutation, même sans pleine lune. Mais avec vingt bonnes minutes de maquillage « gore-glamour » ! « Fidèle à l’esprit de Zombillénium, on fait quelque chose de pas trop horrifique, mais quand même plus classe que pour Halloween, surligne Charlotte Chenoz, dessinatrice sur visages. Avec le maquillage, c’est plus rigolo de créer des personnages. Et quand on sait enlaidir une personne, on sait aussi la rendre belle... » Des monstres, avec le tapis rouge cannois pour passerelle entre BD et cinéma. Deux mondes qui ne sont plus parallèles. « Je ne suis pas amateur du film de genre, mais j’ai bien sûr été marqué par Freaks ou Elephant Man, et plus récemment Morse ou Bienvenue à Zombieland, car les monstres n’y sont pas seulement des bêtes assoiffées de sang, souligne Arthur de Pins. En revanche, je déteste Twilight, car ce vampire bellâtre n’a rien à faire au panthéon des beaux monstres ! » Bigre ! Avec Arthur au crayon, Robert Pattinson peut se faire un sang d’encre...