Var-Matin (Grand Toulon)

L’effet monstre du film d’animation Zombilleni­um

DES MONSTRES SUR LE TAPIS ROUGE

- par ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

C e n’était pas une séance de minuit, mais la première « séance enfants » du Festival. Et pourtant. Zombies, vampires et loups-garous ont hanté la montée des marches hier après-midi pour la projection de Zombilléni­um (lire critique ci-contre). Bouh ! Même pas peur. Séquence récréation plutôt que frissons. Adapté d’une bande dessinée à succès (éditions Dupuis), le film fait honneur plutôt qu’horreur à l’animation made in France. Et pas question de se laisser vampiriser par Disney, Dreamworks ou Pixar ! Avec un budget de 13,4 millions d’euros pour ne pas se laisser intimider. « C’est le troisième long-métrage que nous produisons, mais c’est mon plus gros. L’ambition est bien de rivaliser avec les Américains, mais sans les copier ! », souligne le producteur Henri Magalon (Maybe Movies), natif d’Ollioules (dans l’ouest Var), qui avait déjà présenté Ernest et

Célestine, à La Quinzaine des réalisateu­rs sur la Croisette. Le cahier des charges reste le même : « Quand on peaufine le scénario de nos films d’animations, on essaie toujours d’avoir un propos à hauteur d’enfants, mais avec un soustexte plus adulte, afin que la projection ne soit pas un sacrifice parental, rigole Henri. Zombilléni­um, c’est un film d’aventures, avec des sorcières, des loups-garous, des monstres, mais c’est aussi une fable sociale, avec des vampires arrivistes et une certaine lutte des classes ». Projet audacieux, qui porte la « griffe » de l’animation « frenchie », avec un graphisme léché au service d’un cinéma d’auteur. Et dire que tout est parti de la couverture d’un magazine Spirou, spécial Halloween ! « Le rédac’ chef a constaté que je m’éclatais à dessiner des monstres, alors il m’a soudain donné carte blanche pour en faire une BD », raconte Arthur de Pins dessinateu­r et co-réalisateu­r (avec Alexis Ducord) du film. Trois tomes (sur six prévus) sont déjà sortis à environ 300 000 exemplaire­s, avant qu’Arthur ne sorte de ses plates-bandes pour s’illustrer sur le grand écran. « On a gardé l’univers de Zombilléni­um, ce parc d’attraction d’un autre genre, où les monstres vivent et travaillen­t parmi nous. Mais on a développé une histoire propre au film. » Le passage du neuvième au septième art, métamorpho­se à la Frankenste­in ? « On a décidé d’être 100 % fidèle au style de la BD, mais techniquem­ent, on a opté pour la 3D. On ne voulait pas un rythme trop saccadé et rapide, pour que l’oeil s’attache aussi aux tatouages et détails des personnage­s. Et puis on ne voulait pas que ça fasse trop cartoon. » Hier, le spectacle était (presque autant) dans la salle qu’à l’extérieur, car l’équipe du film a joué le jeu de la mutation, même sans pleine lune. Mais avec vingt bonnes minutes de maquillage « gore-glamour » ! « Fidèle à l’esprit de Zombilléni­um, on fait quelque chose de pas trop horrifique, mais quand même plus classe que pour Halloween, surligne Charlotte Chenoz, dessinatri­ce sur visages. Avec le maquillage, c’est plus rigolo de créer des personnage­s. Et quand on sait enlaidir une personne, on sait aussi la rendre belle... » Des monstres, avec le tapis rouge cannois pour passerelle entre BD et cinéma. Deux mondes qui ne sont plus parallèles. « Je ne suis pas amateur du film de genre, mais j’ai bien sûr été marqué par Freaks ou Elephant Man, et plus récemment Morse ou Bienvenue à Zombieland, car les monstres n’y sont pas seulement des bêtes assoiffées de sang, souligne Arthur de Pins. En revanche, je déteste Twilight, car ce vampire bellâtre n’a rien à faire au panthéon des beaux monstres ! » Bigre ! Avec Arthur au crayon, Robert Pattinson peut se faire un sang d’encre...

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Les monstres loups-garous avaient sacrifié leurs tapis de poils pour le smoking de rigueur, hier après-midi pour la montée des marches de Zombilléni­um, le film d’animation adapté de la série BD d’Arthur de Pins (ci-dessus). La projection a accueilli...
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