La sécurité renforcée autour des salles de spectacle
Trois jours après l’attentat terroriste qui a frappé Manchester, la question de la sécurité aux abords des salles de concert se pose à nouveau. La vigilance est de mise partout dans le Var
Cette fois-ci, près de deux ans après la tragédie du Bataclan, ce sont les Anglais qui ont été frappés au coeur, lors du concert d’Ariana Grande, lundi à Manchester. Alors que le dernier bilan fait état de 22 morts et d’une soixantaine de blessés, les salles de concert varoises entendent renforcer encore un peu plus leur vigilance en matière de sécurité...
Au Zénith de Toulon
Au Zénith Oméga de Toulon comme dans la plupart des salles de spectacle françaises, «cela fait bientôt deux ans que le niveau de sécurité a été renforcé avec Vigipirate ». Pascale Rohel, attachée de direction de la salle toulonnaise, le dit sans détour : «La sécurité est notre réflexion première lors de chaque manifestation ». D’où l’intérêt, explique-t-elle, de « faire venir les gens plus tôt » afin de réaliser des fouilles plus complètes. Ici par exemple, les sacs à dos sont prohibés, les sacs à main soigneusement fouillés, et le public est invité à se soumettre aux palpations d’agents de sécurité assermentés. Cela fait près de quinze ans que le Zénith travaille avec la même société de sécurité. Laquelle a dû faire appel à des renforts supplémentaires afin de répondre aux exigences sécuritaires imposées par la menace terroriste. Ainsi, le nombre d’agents a sensiblement augmenté pour assurer la surveillance des entrées et des parkings. S’ajoutent bien évidemment à cela les traditionnels renforts de la préfecture et de la police nationale, qui ont eux aussi été relevés. Mais pour Pascale Rohel, il s’agit surtout aujourd’hui de «faire preuve d’intransigeance ». Or, à force, préciset-elle, « tous les agents, qui par ailleurs connaissent bien la salle, sont désormais habitués Elle est arrivée hier matin, adressée à tous les responsables des grandes salles de spectacle de France. Une nouvelle circulaire, signée du préfet de Police, Michel Delpuech, renforce un peu plus les pouvoirs donnés aux agents de police judiciaires pour maintenir la sécurité aux abords des salles de spectacle. Voici l’arrêté officiel : « Le mai, à compter de heures et jusqu’à heure le lendemain, les officiers de police judiciaire et, sur l’ordre et sous la responsabilité de ceux-ci, les agents de police judiciaire ». Après, tout dépend aussi du type de spectacle, de sa configuration et du nombre de spectateurs attendus. «Vous vous doutez bien que si on a André Rieu à l’affiche plutôt que M. Pokora, la donne est différente », éclaire l’attachée de direction de la salle toulonnaise. Ce soir, le Zénith accueille justement M. Pokora dans le cadre de sa tournée nationale. L’attentat survenu lundi soir à Manchester ne change rien à la donne. Ou presque : près d’une trentaine d’agents seront mobilisés (avec des renforts Vigipirate en supplément). «On reste toujours très attentif. De toute façon, résume Pascale Rohel, on ne peut pas être plus au taquet en matière de sécurité ».
Au Carré de Sainte-Maxime
Au Carré de Sainte-Maxime, la configuration est différente puisque le lieu accueille également une brasserie et une médiathèque. Mais là aussi, la « vigilance » est devenue le maître mot depuis de longs mois. L’ensemble du personnel a ainsi été sensibilisé sur les comportements anormaux susceptibles d’être signalés. Déjà équipé d’un « bon système de vidéosurveillance », et agents de police judiciaires adjoints sont autorisés à contrôler l’identité de toute personne, quel que soit son comportement, selon les modalités prévues au premier alinéa de l’article - code de procédure pénale, et à l’inspection visuelle et la fouille des bagages ainsi qu’à la visite des véhicules circulant, arrêtés ou stationnant sur la voie publique ou dans les lieux accessibles au public, dans un rayon de mètres autour des salles de spectacle et des stades accueillant un public de personnes. » le Carré dispose aussi d’agents municipaux habilités pour assurer une fouille sommaire à l’entrée. «En revanche, précise Valérie Boronad, la directrice de l’établissement, on a dû verrouiller et revoir le système de fermeture de tout le bâtiment et condamner un parking souterrain en cas de grosse manifestation » . Ces aménagements ont un coût. « Et puis il y a aussi les heures supplémentaires du personnel de sécurité à payer, ce n’est vraiment pas anodin », assure Valérie Boronad.
À l’espace Malraux de Six-Fours
À Six-Fours, le constat est peu ou prou le même. Thierry Mas Saint Guiral, adjoint au maire délégué à la sécurité, met en avant « l’incidence financière qui fait que ça devient de plus en plus compliqué d’organiser des événements ». Pour chaque concert à l’espace André Malraux par exemple, le rituel est devenu le même: patrouilles de police, installation des blocs de béton et délimitation d’un périmètre de sécurité tout autour de la salle… Comme le résume de son côté Pascale Rohel, du Zénith de Toulon, « c’est dommage d’en arriver là, mais on est maintenant habitué et notre rôle est de rassurer les gens qui sont inquiets ».