Jean-Pierre Giran : ans de mandat d’un député
Élu en 1997 à l’Assemblée nationale et réélu trois fois, le maire d’Hyères n’est pas candidat à sa succession. Il revient sur ses joies mais aussi les frustrations de son action de député
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Les 11 et 18 juin, pour la première fois depuis 20 ans, JeanPierre Giran (LR) ne se lancera pas dans la bataille des législatives. La loi sur le cumul des mandats lui a imposé de faire un choix : il restera maire d’Hyères à plein-temps jusqu’au terme de la mandature en 2020.
Le choix entre l’Assemblée nationale et Hyères a-t-il seulement existé dans votre esprit ? Avez-vous mis les deux mandats en balance ? Il n’y a pas eu un début d’hésitation, j’ai choisi Hyères spontanément. Je suis un “nouveau” maire d’Hyères tandis que j’ai fait quatre mandats de député. Dans l’action qu’on peut mener, on se sent plus utile, plus efficace et responsable en tant que maire.
Pourquoi la ville d’Hyères remporte-t-elle vos suffrages ? C’est le choix du coeur. Hyères est une ville exceptionnelle qui a besoin d’une action à pleintemps. C’était une belle endormie, Hyères n’a pas eu l’ambition qu’elle pouvait avoir. Nous essayons de la faire évoluer, progresser et prospérer. Il y a beaucoup d’initiatives et de nombreux challenges sont déjà relevés : restauration financière, élaboration d’un PLU, animations culturelles d’intérêt régional ou national. C’est une passion et l’on sent que cette action porte ses premiers résultats. Hyères doit se gérer comme une entreprise avec employés et un chiffre d’affaires de M€. Vous aviez vous-même appelé de vos voeux le non-cumul des mandats dans un rapport rendu à Nicolas Sarkozy en ... Je pense très sincèrement qu’on ne peut pas être efficacement à la fois maire et député. Je crois que le renouvellement de la vie politique passe par l’application de cette loi. Le fait que députés ne se représentent pas, entraîne l’arrivée de personnes nouvelles. Et demain, on ne sera candidat qu’à une seule fonction. C’est pourquoi on ne reconnaîtra plus le paysage politique français.
On sait que la mairie d’Hyères vous a résisté. Deux échecs en et , une élection sur le fil en . Vos victoires étaient plus confortables aux législatives. Pourquoi ne pas jouer la sécurité en choisissant le Palais Bourbon ? Je n’ai jamais joué la sécurité. Quand je me suis présenté à Saint-Cyr (maire de à ), c’était sans investiture et avec une équipe de copains. Quand j’ai décidé de venir à Hyères, on ne m’a pas accueilli sur un lit de roses. Mais quand on est violoniste et qu’on a devant soi un Stradivarius, on a envie d’en jouer.
Après quatre mandats de député, estimez-vous avoir fait le tour de la question ? Certainement. J’ai été deux fois dans la majorité, deux fois dans l’opposition. J’ai été initiateur de lois importantes, j’ai fait des rapports au Premier ministre et au Président de la République, j’ai participé à la réflexion de fond de notre courant, j’ai fréquenté des personnalités importantes, de Philippe Seguin à Xavier Bertrand en passant par Alain Juppé et d’autres. Bien sûr, il y a un intérêt qui n’est pas démenti, faire la loi c’est important. Mais il faut dire les choses : quand on est dans l’opposition, on n’a pas beaucoup de possibilité d’action, c’est un peu frustrant.
Quelles leçons tirez-vous de ces années ? La réflexion, la contribution à son courant de pensée, c’est important. Ça m’a toujours accompagné. Je crois qu’on apporte en politique ce que l’on est, avec ses qualités et ses défauts, mais c’est la seule chose qu’on peut apporter. Il faut bien garder ça en tête parce qu’on ne peut pas jouer un rôle, apporter un vécu ou une expérience qu’on n’a pas.
Quelles sont les problématiques du bassin hyérois que vous avez fait remonter à l’Assemblée ? Je pense à la réforme de la taxe sur le foncier non bâti qui aurait eu des répercussions désastreuses, j’avais interrogé le ministre du Budget et cela a été amendé. La lutte contre les inondations, le maintien du RA à Hyères, le fait que les vins de pays puissent utiliser des appellations de château ou domaine... On se nourrit de la réalité locale.
Aux législatives , l’enjeu des Républicains est de former une majorité, absolue ou relative. Mais quel est le risque ? Une déferlante de la République En Marche ou l’élection de députés du Front national ? Les Républicains doivent être forts pour peser dans le débat national, pour que M. Macron, qui n’est “ni de droite ni de gauche”, penche plutôt à droite qu’à gauche. Quant au risque, mon adversaire privilégié a toujours été le Front national. Il n’y a pas photo.